Les industriels répondent à une demande de volume formulée par les producteurs. Vous inversez les choses : les producteurs laitiers ont voulu, depuis la fin du XXe siècle, produire davantage. Cette politique a conduit, dans les années 1980, à mettre en place des quotas car l'abondance de lait tirait les prix vers le bas. Les quotas n'ont pas réduit les volumes, mais ils les ont figés. Lorsque les quotas ont été supprimés, nous avons accompagné nos producteurs pour maintenir le niveau des volumes, parce que la recette d'exploitation est égale à un volume multiplié par un prix ; sans volumes, il n'y a pas de recettes, donc ils font partie de l'économie des exploitations.
Nous valorisons une partie de ces volumes sur les marchés internationaux et sur les PGC exportés. Vous ne pouvez pas diviser par deux les volumes produits par les fermes françaises, ce serait dramatique. Pour valoriser les volumes, les producteurs et les industriels doivent se montrer compétitifs.
Le cycle des prix des matières premières agricoles dépend de positions sur les marchés internationaux et locaux. En 2016, le lait a connu une crise très aiguë qui n'a pas été amortie car il n'y avait pas de lois Egalim permettant de sanctuariser le prix sur le marché intérieur ; le prix est même descendu en dessous de 300 euros. Cet épisode a incité les acteurs de la filière à réfléchir sur les moyens de desserrer la contrainte du prix fixé par les marchés mondiaux. Cette démarche a abouti à mieux valoriser la production de lait, puisque le prix de celui-ci a augmenté de 30 % entre 2019 et 2023 : relativement élevé, il se situe actuellement au-delà des coûts de production.
La mobilisation du monde agricole au début de l'année ne résultait pas d'une crise laitière. Un différend commercial important entre Lactalis et des organisations syndicales s'est greffé sur le mouvement, mais ce dernier concentrait ses revendications sur la régulation, le Pacte vert et les contraintes imposées au monde agricole.
Il faut abandonner cette fâcheuse habitude de ne jamais parler des volumes alors que nous devons valoriser l'ensemble de la production laitière.