Le différend qui nous a opposés à l'UNELL ne portait pas la pratique de prix abusivement bas : il s'agissait d'un problème commercial. La formule de prix que nous appliquions depuis trois ans et qui, dans un contexte de cours mondiaux très élevés en 2021 et 2022, nous permettait de pratiquer des prix nettement supérieurs à ceux du reste de la profession laitière, nous a placés dans une position basse après l'effondrement des cours mondiaux à partir de la mi-2023.
En France, quelques grands laitiers, en plus de se positionner sur les PGC, valorisent les excédents laitiers. Ils appliquent des formules assez proches de la nôtre en ce qu'elles tiennent compte des cours mondiaux. Les autres, qui ne commercialisent que des PGC, appliquent un prix du lait plus régulier. Les prix que nous pratiquons sont plus élevés que les leurs quand les cours mondiaux sont élevés, et plus bas quand les cours mondiaux sont très bas. C'est la situation dans laquelle nous nous trouvions avec l'application de l'ancienne formule, d'où la négociation que nous avons engagée avec l'UNELL pour remédier à ce décalage. Les discussions ont été assez rudes et ponctuées de nombreuses manifestations. Elles ont abouti à une nouvelle formule, dans laquelle la part des coûts de production a été revue à la hausse.
La profession se base souvent sur un prix dit 38/32 : pour permettre les comparaisons entre les différents acteurs, les calculs sont effectués en se fondant sur l'hypothèse d'un litre de lait qui contiendrait 38 grammes de matière grasse et 32 grammes de matière protéique. Grâce aux évolutions permises par cinquante ans de sélection génétique, ces valeurs sont bien inférieures à la réalité. Le prix payé dépendant du contenu réel du lait produit par chaque éleveur, il y a donc un écart important entre le prix 38/32 et le prix effectif. Le chiffre de 442 euros par tonne diffusé par le CNIEL inclut les primes. En 2023, le prix du lait conventionnel payé par Lactalis, qui correspond à une définition comparable à celle du coût de revient retenue par le CNIEL, s'est élevé à 464 euros la tonne, en appliquant la formule actuelle, c'est-à-dire en incluant le PGC et le cours du beurre-poudre.