Nous avons commencé à répondre à cette question au début de l'audition, mais peut-être pas de manière suffisamment approfondie. Certains raccourcis, comme qualifier Le Lierre de réseau de hauts fonctionnaires, jettent la confusion. Vous semblez suggérer que la haute administration manigance des actions dans le dos des élus et de l'exécutif. Je ne sais pas quelle analyse ou quelle hypothèse motive cette suspicion.
Je répète, à des fins de clarification, que nous ne nous considérons pas comme un réseau de fonctionnaires ou de hauts fonctionnaires. Nous nous identifions comme un réseau de professionnels de l'action publique. Notre réseau inclut en effet des fonctionnaires, mais aussi des consultants travaillant dans le domaine des politiques publiques, des salariés d'entreprises publiques et des membres d'ONG intéressés par les affaires publiques. Ce croisement de perspectives et d'expériences nous semble enrichissant, tant en termes de partage de compétences que pour alimenter des réflexions collectives. Il n'y a aucune volonté de se présenter comme un réseau exclusivement composé de fonctionnaires.
Concernant le décalage entre les décisions politiques et leur mise en œuvre par l'administration, vous sous-entendez que notre organisation, de manière structurée, chercherait à entraver les décisions politiques. Je tiens à clarifier notre position. Nous ne procédons pas de cette manière. En tant que membres de cette organisation, nous nous engageons bénévolement dans une structure associative, tout en respectant nos obligations professionnelles, y compris notre soumission à la hiérarchie. Il n'existe aucun lien entre l'objet du Lierre et les analyses que certains acteurs ou élus pourraient faire concernant la mise en œuvre de décisions politiques. Il ne s'agit pas du même sujet. En outre, notre projet ne réside pas dans les actions individuelles des personnes mais dans les idées que nous défendons et que nous publions sur notre site internet. Nous les assumons pleinement en répondant à vos questions.
Selon un sondage, 46 % des personnes interrogées estiment que les crises environnementales et le changement climatique constituent les enjeux les plus susceptibles de bouleverser leurs conditions de vie dans les prochaines décennies. Il est donc légitime que des professionnels de l'action publique partagent ces préoccupations, s'organisent, développent des compétences et proposent des réflexions sur ces sujets dans le cadre du débat public. Cela me semble en phase avec une certaine réalité sociale. Et il est légitime que des personnes, au-delà de leur engagement professionnel pour le service public, puissent disposer d'espaces de travail et de réflexion sur ces enjeux.