Nous faisons partie d'une alliance d'achat européenne, et j'irai dans votre sens : pendant la crise inflationniste, nous avons vu un peu partout dans le monde de grands industriels faire le choix de reconstituer leurs marges – parfois même au détriment de leur volume de vente, ce qui nous a stupéfaits.
La chaîne agroalimentaire a, comme toute chaîne, la force de son maillon le plus faible : aujourd'hui, ce maillon, c'est l'agriculteur, le producteur. Celui-ci doit pouvoir vivre dignement de son travail, être justement rémunéré. C'est une vision que nous avons toujours soutenue. Chacun des maillons doit contribuer à sa juste part. La grande distribution a souvent été montrée du doigt, vous l'avez dit. Nous devons prendre nos responsabilités, mais avec les 2 % de résultat net que j'ai commentés tout à l'heure quand le moindre industriel est à 4 % et les plus grands à 12 %, 14 %, voire 16 %, on se demande où est la valeur ! Il faut s'interroger : qui a fait des efforts ? Des membres du Gouvernement ont reconnu que la grande distribution a joué le jeu pendant cette crise. Je ne crois pas que ce soit le cas de tous les maillons de la chaîne.
Je défends nos 2 % de résultat net. C'est un minimum. Il nous permet d'investir cette année en France 1 milliard d'euros : 550 millions dans la rénovation de nos magasins – avec de fortes mais excellentes obligations écologiques – et 450 millions dans la modernisation de notre logistique et de notre informatique. Nous ne pourrions pas descendre sous ces 2 %, qui nous permettent d'avoir la confiance du banquier et donc de continuer à investir pour proposer une offre commerciale moderne et qui tient la route. C'est de cette façon que les indépendants tiennent le choc dans un marché qui n'est pas facile alors que les groupes intégrés rencontrent les plus grandes difficultés – nous ne voulons surtout pas nous retrouver dans la posture de Casino, dont chacun voit l'échec.