Pour atténuer le choc climatique, il faut tout d'abord réduire les émissions de gaz à effet de serre – j'aimerais que vous nous aidiez à le faire plutôt que de vous y opposer. Il est également nécessaire de s'adapter au changement climatique, car les chiffres que vous avez cités sont justes : la trajectoire mondiale est assise sur une augmentation de 2,9 degrés Celsius des températures ; en outre, le coefficient de réchauffement français et européen est deux fois plus élevé, si bien qu'un réchauffement de 3 degrés à l'échelle mondiale représente 6 degrés en France Nous devons nous préparer à cette perspective, comme le fait le Gouvernement avec l'exercice France +4 degrés ; nous plaidons pour une stratégie européenne identique, laquelle verra peut-être le jour dans les prochaines semaines, même si la meilleure politique d'adaptation demeure la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Face aux différents aspects du choc climatique, une partie des solutions est d'ordre technologique – créer des bassines, développer les nouvelles techniques génomiques pour, par exemple, réduire la dépendance au stress hydrique et conserver les rendements même s'il pleut moins, et étendre l'agriculture de précision pour réduire le besoin en eau des cultures en cas de sécheresse – et une autre est fondée sur la nature. Nous avons toujours soutenu la voie technologique au Parlement européen. Dans le domaine de la nature, il convient de ménager la qualité des sols et d'y remettre de la matière organique pour préserver les rendements futurs ; en effet, un sol de mauvaise qualité contient moins de matière organique, devient plus sensible à l'érosion et capte moins bien l'eau : dès qu'il pleut beaucoup, l'eau n'est plus absorbée, la matière organique diminue davantage et la vulnérabilité de l'environnement naturel et humain s'accroît. Nous défendons les solutions technologiques avec la droite contre la gauche et nous promouvons les politiques fondées sur la nature avec la gauche contre la droite. Il faut faire les deux, libre ensuite à l'agriculteur de privilégier une voie en fonction de son activité, de ses contraintes et du climat.
Nous avons intégré plusieurs hypothèses de vulnérabilité macroéconomiques, lesquelles se sont matérialisées de manière flagrante au moment de la guerre en Ukraine. Cet événement nous incite fortement à accélérer la transition agricole sur les intrants : notre dépendance au gaz, arme que la Russie avait déjà utilisée, est apparue d'autant plus forte que notre modèle agricole dépend d'intrants fabriqués à partir de gaz ; notre exposition nous rend vulnérables, hier à la Russie, aujourd'hui au Qatar ou aux États-Unis pour leur gaz de schiste. L'un des objectifs du Pacte vert est de décarboner les intrants et d'abandonner le gaz fossile pour adopter le gaz vert : les intrants pourront être de l'hydrogène ou des biodéchets agricoles ou urbains.