Je ne conteste absolument pas l'impact du dérèglement climatique sur les rendements agricoles. Vous avez présenté des programmes qui n'ont, selon vous, pas intégré la guerre en Ukraine. Dans les décisions européennes, quelles sont les actions destinées à lutter contre l'impact du changement climatique et des crises probables sur les rendements et la pérennité de l'activité des agriculteurs ? Dans la lutte contre le changement climatique, il y a la diminution des émissions de gaz à effet de serre, mais aussi l'adaptation au réchauffement acquis – certains disent que l'augmentation des températures atteint 1,5 degré Celsius, d'autres 2 degrés et plusieurs projections tablent sur une hausse de 2,9 degrés par rapport à la trajectoire actuelle.
Comment anticipez-vous les impacts de ces phénomènes ? J'ai l'impression que l'on surcharge deux fois les agriculteurs : pour combattre le changement climatique et pour en gérer les conséquences.
Je ne vous reproche pas de ne pas avoir prévu la guerre en Ukraine – ce serait ridicule, même si j'aimerais que tout le monde ait la même attitude –, mais l'accumulation de cygnes noirs aurait dû avoir des conséquences dans les réflexions et les politiques conduites, d'autant que la famille politique dont vous êtes issu avait l'habitude d'anticiper les cygnes noirs, notamment dans le domaine nucléaire. Même si la Russie n'avait pas envahi l'Ukraine, elle aurait pu conduire de nouvelles opérations militaires, comme elle l'avait déjà fait dans son voisinage ou même en Afrique. Le retour de la guerre de haute intensité est antérieur au conflit ukrainien, donc l'Union européenne aurait dû envisager la survenue d'une guerre, surtout si elle nourrit l'ambition d'être une grande puissance. Or nous constatons, à vous écouter mais également lors d'auditions précédentes, que ce sont toujours les hypothèses les plus optimistes qui sont retenues, leur enchaînement conduisant à élaborer des prévisions irréalistes et à faire des programmes de véritables cygnes noirs.