Avant d'être nommé, j'avais réfléchi au débat opposant l'agriculture bio et l'agriculture conventionnelle. Je me suis efforcé de promouvoir des politiques à la fois productives et écologiquement performantes. En 2014, le débat portait précisément sur cette double performance économique et écologique, avant que le Sénat ne rajoute la performance sociale.
J'avais visité les expérimentations menées par des groupements d'agriculteurs qui travaillaient en Bretagne et utilisaient des systèmes de couverture des sols. À l'été 2014, je m'étais ainsi rendu à Plouha et avais pu observer que la terre labourée était bien plus sèche en raison de l'évaporation de l'eau que celle qui disposait d'une couverture des sols. Scientifiquement, ces sujets sont clairement établis. J'ai signé récemment la préface d'un livre de l'INRAE concernant une méta-analyse des systèmes de conservation des sols, prenant en compte la biodiversité et le stockage de carbone. Si nous voulons emmener les agriculteurs dans nos démarches, il faut que, techniquement et scientifiquement, les objectifs de biodiversité des sols et de stockage de carbone soient bien vérifiés grâce à des itinéraires techniques solides.
Je suis par ailleurs président de l'initiative « 4 pour 1 000 », qui concerne le stockage du carbone dans les sols. Notre conseil scientifique a produit un certain nombre de publications, avec des scientifiques du monde entier. Nous disposons donc d'un corpus scientifique sur la conservation des sols et leur rôle dans la lutte contre le réchauffement climatique, grâce à la matière organique et la vie microbienne. Le stockage dans le sol du CO2 continue à faire l'objet d'études pour déterminer s'il est superficiel ou en profondeur. La méta-analyse que je viens d'évoquer estime que le stockage est superficiel, mais d'autres considèrent qu'il est possible d'aller beaucoup plus loin.
Au-delà de l'empirisme et des solutions qui fonctionnent sur le terrain, y compris sous l'égide de chambres d'agriculture, il faut continuer le travail scientifique afin de baliser l'itinéraire technique pour les agriculteurs lorsque le nouveau modèle sera mis en place. Aujourd'hui, l'expérimentation valide le dispositif ; les premiers éléments scientifiques ont été publiés il y a une quinzaine d'années et continuent d'être actualisés. En compagnie de M. Bernard Chevassus-au-Louis, j'avais également lancé un grand travail d'évaluation du niveau d'agroécologie de l'agriculture française afin d'objectiver mon projet et de disposer d'indicateurs.