La question du glyphosate est très intéressante. Je n'ai jamais été favorable à son interdiction. Il ne s'agit pas tant d'interdire une molécule ou un produit, que de savoir quel est l'objectif que nous poursuivons. Si celui-ci porte sur des couvertures et la diversification, il est possible de se passer d'un grand nombre d'herbicides, puisque la couverture empêche les adventices de se développer de manière aussi conséquente.
Je me souviens de ces débats : les moyens sont souvent confondus avec les objectifs. Les objectifs de diversité et de biodiversité dans les sols doivent être conservés. Dans ce cadre, l'utilisation raisonnée de glyphosate peut tout à fait être compatible. Je le répète : je n'ai jamais été favorable à l'interdiction immédiate du glyphosate, ni à celle des néonicotinoïdes. S'agissant de ces derniers, certains confondent les objectifs en termes de biodiversité, de protection des populations et des milieux avec l'idée que la suppression d'une molécule permettra de régler le problème. C'est faux ; c'est le modèle qu'il faut changer.
Les 9,5 milliards d'euros d'aides de la PAC sont-ils suffisants ? Avons-nous besoin d'investir dans la transition énergétique ? La réponse est affirmative et il faudra trouver des milliards d'euros. L'agriculture joue un rôle stratégique. À ce titre, elle doit être au cœur des débats stratégiques pour l'Europe et pour la France. Mais la question de sa compétitivité est liée à la manière dont elle va demain intégrer les ressources naturelles disponibles.
J'ai créé les groupements d'intérêt économique et environnemental (GIEE). Il y a peu, j'ai rencontré en Gironde, près de Libourne, une coopérative viticole qui m'a indiqué avoir créé un GIEE mêlant viticulture et apiculture. Il faut partager les instruments et les espaces, ce qui nous permettra de produire bien plus. À cet égard, l'histoire du colza en France, déjà évoquée, est particulièrement intéressante. Il convient d'en prendre exemple en diversifiant nos productions et en assurant le développement des protéines végétales pour l'alimentation animale et l'alimentation humaine.
Il faut toujours raisonner sur le coût de production. Diminuer les achats d'azote permet de baisser ce coût de production. Quand j'étais ministre, le coût des produits phytosanitaires dans la production de céréales était d'environ 170 euros à 180 euros par hectare. Si ces coûts sont diminués de moitié, la différence peut être notable. Plutôt que réfléchir obligatoirement en termes d'aides, cherchons ensemble les modèles de production les moins coûteux, et donc les plus rémunérateurs pour l'agriculture. Des aides sont souvent nécessaires pour lancer un processus, mais on ne peut s'en contenter. Au total, les aides de la PAC de 9,5 milliards d'euros me semblent suffisantes aujourd'hui.