Ce site présente les travaux des députés de la précédente législature.
NosDéputés.fr reviendra d'ici quelques mois avec une nouvelle version pour les députés élus en 2024.

Intervention de Pascal Lavergne

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Lavergne :

Je suis député de la Gironde et également agriculteur de métier. Ancien conseiller agricole, je m'intéresse depuis l'âge de vingt ans à l'agriculture de mon département, et notamment de ma circonscription. Vous avez évoqué les labours de printemps et je confirme qu'en trente-cinq ans, j'ai vu évoluer grandement les pratiques en la matière. De nombreuses céréales et notamment beaucoup de maïs sont cultivées dans les vallées de la Garonne et de la Dordogne, y compris sur les coteaux de l'Entre-deux-Mers. Les charrues sortent rarement du hangar ; les agriculteurs ont grandement modifié leurs pratiques.

Au début de votre intervention liminaire, vous avez évoqué la situation des marchés. Vous avez fait notamment référence à la période où les panneaux ont été retournés dans nos campagnes, c'est-à-dire à peu près à la fin octobre-début novembre 2023. Membre de la commission des affaires économiques, je me souviens que cet épisode est intervenu juste après des discussions sur l'inflation et l'affichage de la volonté du Gouvernement et de la grande distribution de proposer des prix alimentaires plus maîtrisés. Je confirme la déconnexion entre cette démarche et le ressenti des agriculteurs, qui connaissaient simultanément une hausse de leurs coûts de production, notamment ceux liés à l'envolée des prix du gazole.

Les agriculteurs ne pouvaient pas comprendre pourquoi ils devaient être la principale victime de cette démarche, alors même que les coûts des intrants ne cessent d'augmenter. Cette totale déconnexion s'est traduite par le ras-le-bol que vous avez mentionné. Je rappelle que la part des dépenses alimentaires dans le budget des ménages est passée de 29 % à 17 % en vingt ou trente ans. Je partage donc votre analyse sur cet aspect. Je pense que la grande distribution porte une grande responsabilité dans ce phénomène, de même qu'un certain nombre de nos opposants politiques. Nos agriculteurs ne le comprennent pas.

Vous avez également mentionné la problématique des protéines végétales. Les agriculteurs connaissent bien le rôle des légumineuses et des protéines. Nous sommes autosuffisants en porcs, mais ceux-ci sont nourris en grande partie par des protéines végétales que nous importons. Quel est votre avis concernant la PAC ? Avons-nous mis en place suffisamment de moyens pour répondre à l'impératif de substitution d'un certain nombre de nos céréales ou éventuellement de notre maïs par la production de protéines ? Je pense pour ma part que cela n'est pas le cas : les rendements et les coûts de production sont favorables au maïs, pas aux protéagineux. Dès lors, une meilleure compensation apparaît incontournable.

Tout le monde a envie de s'engager dans une certaine démarche de verdissement mais un agriculteur ne peut détourner son attention de ses coûts d'exploitation. Je souligne par ailleurs que le glyphosate est très intéressant dans la pratique de régénération des sols et de couverture des sols en hiver : il constitue un moyen rapide, efficace et peu onéreux de détruire un couvert végétal indispensable à la captation de carbone et des rayons du soleil via la photosynthèse.

En résumé, croyez-vous que les 9,5 milliards d'euros d'aides de la PAC en direction des agriculteurs français suffisent à tenir tous les objectifs ? Personnellement, je ne le crois pas et considère qu'un rééquilibrage est nécessaire si nous voulons continuer à accompagner ces politiques « progressistes ».

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Cette législature étant désormais achevée, les commentaires sont désactivés.
Vous pouvez commenter les travaux des nouveaux députés sur le NosDéputés.fr de la législature en cours.