Je suis un fervent défenseur de la science, en particulier de la troisième révolution agricole. J'ai une croyance très forte dans le numérique, la robotique, la génétique, le biocontrôle, l'intensivité et le savoir vivant. Cependant, bien que je sois un grand défenseur de la science, j'ai certaines limites. Je citais précédemment Rabelais. Dans le domaine animal, je suis totalement opposé à la viande de synthèse, de paillasse, celle produite dans des bioréacteurs. Je ne parle pas de la viande végétale, mais bien de la viande de synthèse. Pour des raisons anthropologiques, je n'adhère pas à un monde où l'on peut créer du poulet sans poulet.
De la même manière, je ne suis pas favorable aux OGM. Les OGM ne sont pas des techniques, mais des organismes. Je suis défavorable aux OGM car je considère que des espèces sont des espèces. En revanche, je suis un fervent défenseur des new breeding techniques (NBT), qui, elles, sont des technologies. Les OGM consistent à prendre des gènes d'une espèce pour les insérer dans une autre. Les NBT, comme la technique des ciseaux moléculaires, permettent d'accélérer la sélection végétale. Les NBT peuvent conduire à des OGM si l'on transfère des gènes d'une espèce à une autre, ce à quoi je suis opposé. Les NBT peuvent aussi être utilisées pour la sélection animale, ce qui se rapproche de l'eugénisme, et je suis contre cela également. En revanche, les NBT permettent d'accélérer la sélection variétale que l'homme pratique depuis qu'il s'est sédentarisé il y a dix mille ans, et cela, je le soutiens pleinement. Je suis favorable aux NBT dans un cadre éthique tel que défini par feu Axel Kahn dans son avis du Comité d'éthique. Lors de ma première conférence de presse, j'ai exprimé mon soutien pour les NBT, ce qui a suscité un froid dans la salle, car cela faisait longtemps qu'un ministre ne s'était pas positionné en faveur des techniques génomiques. Depuis, nous avons fait bouger Bruxelles pour dissocier les NBT des OGM. Il est important de préciser que les NBT sont des techniques et non des OGM. Elles peuvent conduire à des OGM, ce que nous devons interdire, mais elles ne sont pas des OGM en elles-mêmes.
Aujourd'hui, l'Europe progresse sur ce sujet pour établir un règlement approprié. Je pense qu'il est impératif d'aller de l'avant, car cela permettrait d'accélérer la sélection variétale et donc de gagner du temps. Actuellement, notre immense défi est de raccourcir les délais. Ce serait une folie de s'en priver.
En ce qui concerne les OGM, je tiens à exprimer ma position clairement. Pour moi, ce n'est pas seulement une question d'études scientifiques. En tant que responsable politique, je prends des décisions basées sur des convictions et des visions.