Ma vision a toujours été de dire qu'il faut allier protection et production. Certains appellent cela « en même temps ». Pour vous en donner une preuve, dès le premier jour, j'ai parlé de souveraineté et me suis battu pour la production. Depuis le début de cette commission d'enquête, nous répétons que la vocation agricole inclut l'exportation. Si nous voulons lutter contre les Russes, nous devons assumer que l'Europe suit une mission nourricière. Le changement climatique nous impose certaines choses. Le terme « produire » n'est pas impropre au monde agricole, bien au contraire.
Je suis également un fervent défenseur de la protection de l'environnement et du vivant. J'ai suivi des études d'ingénieur agronome par conviction environnementale et par amour pour le vivant. Je suis persuadé qu'il nous faut concilier les deux, avec des objectifs clairs. L'erreur serait de percevoir les événements actuels comme une demande de revenir en arrière. Je l'ai dit publiquement et je le répète au monde agricole. Si nos concitoyens pensent que, du fait de qui s'est passé, les agriculteurs ont eu gain de cause et peuvent retourner en arrière, c'est une erreur. Ce n'est pas ce qu'ils souhaitent, ce n'est pas la réalité, et c'est mortel en termes de perception de nos citoyens vis-à-vis de l'agriculture. Il faut aller de l'avant. Le monde agricole est déjà en marche, notamment avec l'innovation agricole. Récemment, j'étais à la ferme de Grignon, une ferme expérimentale, pour les journées de l'innovation agricole. C'est impressionnant de voir cette troisième révolution agricole, intensive en savoir et en vivant, qui laisse l'humain et l'agronomie au centre de tout. C'est cela qui va nous permettre de concilier protection et production. Il faut reconnaître que c'est complexe à mettre en place et nous devons croire en la science, même si certains, y compris dans les rangs politiques, émettent des doutes.
Il faut croire en la science, mais au sens de Rabelais : « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme. » Nous devons affronter la temporalité des choses, ce qui est le plus difficile en politique, comme vous le savez bien. Quand on dit que pour les betteraves, il n'y a pas de solution, il suffit de trouver la solution. Le problème est qu'un essai au champ demande un an. Oui, il faut concilier protection et production.
J'avais le plein et entier soutien du Président de la République, ainsi que celui du Premier ministre. Cependant, au sein du Gouvernement, il peut y avoir des visions différentes. C'est le propre de la démocratie. Je suis même absolument persuadé que dans vos groupes politiques, vous n'êtes pas toujours tous d'accord sur tout. C'est la beauté de la démocratie. Heureusement qu'une équipe n'est pas composée uniquement de personnes ayant la même vision. Mais sur ce point précis, j'avais le plein soutien du Président et du Premier ministre.