Monsieur le député, avec tout le respect que je vous dois, si vous parvenez à convaincre vos électeurs par le simplisme de vos questions, c'est malheureux. Acceptez la complexité des pensées. C'est par la simplicité de vos questions que vous conduisez tout le monde dans des impasses. Depuis le début de cette audition, j'essaie de vous expliquer la complexité des choses. Faire croire aux Français que l'interdiction d'un accord avec la Nouvelle-Zélande ou du Green Deal sauverait l'agriculture française est mensonger. C'est triste du point de vue de la pensée complexe et surtout, ce n'est pas la réalité du terrain.
J'ai répondu dix fois à ces questions. Protection, production, nous nous asseyons autour de la table et nous examinons la complexité. Ensuite, nous pouvons décliner. La protéine végétale a constitué le plus grand scandale de la dépendance européenne aux États-Unis depuis l'après-guerre. En 1992, l'Europe essaie de le faire. Les États-Unis mettent en place un dossier à l'OMC sur la guerre du soja et l'Europe présente ses excuses. En 2021, je réintroduis le sujet. La France agricole titre : « Denormandie en croisade pour les protéines végétales ». On disait que c'était impossible. Nous nous sommes battus, nous avons eu gain de cause, nous avons mis en place les aides couplées, nous avons ouvert la boîte de Pandore.
Que feriez-vous avec une approche simpliste ? Diriez-vous simplement qu'il faut critiquer les États-Unis ? Le système est plus complexe que cela. Au niveau du Conseil européen, le seul point est que l'Europe est fondée sur une complexité monstrueuse, probablement le plus beau défi qu'une personnalité politique ait eu. Cinq ans après la Seconde Guerre mondiale, nous avons décidé de partager avec nos plus grands adversaires, ennemis jurés – la troisième guerre en quatre-vingts ans –, ce que nous avions de plus précieux. Robert Schuman faisait état de ces efforts créateurs. Nous sommes loin du simplisme. J'ai répondu dix fois à vos questions, monsieur le député. Ne faites pas croire à ceux qui nous écoutent et aux agriculteurs eux-mêmes que tout serait simple. Non, c'est beaucoup plus complexe que cela. Le simplisme ne fonctionnera pas de manière générale dans la vie politique. Mais quand vous traitez des sujets du vivant, c'est impossible.