Quand vous dites qu'il faut commercer, il y a deux façons de voir les choses. La première, c'est de reconnaître que la France n'est pas capable de produire certaines denrées alimentaires. Ce n'est pas révolutionnaire de dire cela. Il faut aussi admettre que nous avons la capacité de produire pour les autres ce qu'ils ne peuvent pas produire eux-mêmes. Des échanges naturels se mettent en place depuis longtemps. En tant que viticulteur dans le Bordelais, je connais bien ce sujet.
Depuis le début de cette commission d'enquête, nous avons constaté que certains utilisent l'alimentation comme un outil de commercialisation, inversant ainsi la logique. Cela nous conduit à une incohérence. Il serait insensé de déléguer notre alimentation à d'autres, tout en signant des traités de libre-échange avec des pays comme la Nouvelle-Zélande, qui nous exporteraient du lait alors que nous sommes capables de le produire nous-mêmes.
N'y a-t-il pas un dévoiement de cette notion de commerce ? Nous avons auditionné Pascal Lamy, et vous avez mentionné les avantages comparatifs. Il y a eu, et peut-être encore aujourd'hui, cette idée que les échanges doivent se multiplier au-delà du nécessaire. Actuellement, nous avons besoin d'importer des fruits exotiques ou du café, d'autres pays ne peuvent pas produire du blé, donc ces échanges sont nécessaires. Mais derrière certains traités de libre-échange, nous constatons quand même un dévoiement, en allant bien au-delà de ce qui est nécessaire.