À cette époque, nous sommes presque simultanément en train de revoir la nouvelle Politique agricole commune (PAC) et les montants qui y sont associés. Passer de vingt-huit à vingt-sept États membres rebat les cartes, y compris en termes d'allocations budgétaires. Beaucoup de pays européens avaient envisagé de réduire significativement les budgets liés à la PAC, malgré le fait que c'est la première politique sectorielle après la constitution de la Communauté européenne du charbon et de l'acier. Nous pouvons être fiers, car c'est la France qui a renversé la situation sur ce sujet, avec un résultat qui a dépassé les attentes de nombreux professionnels. Nous avons réussi à maintenir des budgets significatifs en faveur de l'agriculture dans le budget européen. La France, sous la présidence de la République, a joué un rôle crucial en convainquant et en obtenant la majorité pour allouer ces budgets à la PAC. La déclinaison de la PAC s'est faite après le départ des Britanniques.
Je ne reviendrai pas sur la question de la pêche, car ce n'était pas de mon ressort. J'avais la responsabilité de la pêche « terrestre », mais pas de la pêche maritime, à l'exception de la pêche à pied. L'impact du Brexit sur nos pêcheurs reste un sujet important, mais il faudra s'adresser à mes collègues du gouvernement de l'époque pour plus de détails.
En revanche, un aspect souvent oublié dans le secteur agroalimentaire est que l'une des premières vocations de l'Europe est de protéger les Européens, notamment en ce qui concerne la qualité des aliments importés. Nous avons dû mettre en place des postes de contrôle sanitaire à tous les points de passage venant de Grande-Bretagne. Je ne pourrais plus vous dire le nombre exact de postes créés, mais il y en avait au moins une demi-douzaine, voire une douzaine. La démarche a posé de grands défis, notamment en termes de recrutement de vétérinaires et de personnel spécialisé. Je me suis rendu sur l'un de ces postes-frontières sanitaires à Westrehem. Je me souviens des longues files de camions britanniques attendant dans un désordre administratif incroyable. Heureusement, nous avons fait preuve d'une fermeté européenne en affirmant : « Nous ne faisons pas entrer vos biens agroalimentaires sans pouvoir en vérifier le contenu et la sécurité alimentaire, que ce soit des produits transformés ou des biens vivants importés. » Cette phase du Brexit a été gérée avec le ministère de l'économie, notamment par les douanes, et avec le ministère de l'agriculture pour la sécurité alimentaire. Je tiens à insister sur ce point, car on oublie souvent que l'Europe a cette vocation de protection des consommateurs. Cette protection vis-à-vis de ce que l'on retrouve sur le marché est un élément absolument essentiel.