Je peux vous rassurer encore plus clairement. Dans notre démocratie, ces valeurs sont très importantes. En effet, la liberté académique des chercheurs et des enseignants-chercheurs est garantie par la Constitution. Elle permet à ces chercheurs d'exposer leur point de vue dans le débat public. Est-ce que cela signifie pour autant, comme vous le dites, qu'ils influencent d'autres personnes qui seraient sous la pression de leurs collègues pour changer leur point de vue ? Non.
Notre établissement public décline une stratégie déclinée et dispose d'instances. Un chercheur, aussi brillant soit-il, n'est pas en mesure d'influencer ou de décider de la programmation de la recherche. Le document relatif à l'INRAE 2030 donne nos orientations prioritaires de recherche. Il a été proposé après des échanges avec la communauté scientifique, débattu par notre conseil scientifique et approuvé par notre conseil d'administration et les pouvoirs publics. Il donne des orientations à dix ans.
Il se décline ensuite pour tous les départements, y compris le département nutrition auquel appartient la chercheuse que vous évoquez. Une stratégie est approuvée par la direction de l'Institut qui donne des lignes directrices. Elle est transparente. Cette stratégie traduit l'équilibre des recherches que nous menons. Le document est réévalué chaque année. Je ne dis pas que nous sommes parfaits. Parfois, nous pouvons rater des sujets ou sous-évaluer l'importance de telle ou telle problématique. La jaunisse de la betterave apparaissait par exemple comme un sujet moins important, à un moment donné. L'INRAE continue d'être le premier publiant en Europe et parmi les premiers mondiaux. Nous publions dans des comités à revue de lecture qui comptent parmi les meilleurs au monde. Nous sortons des brevets. Nous travaillons avec toutes les entreprises de France. Nous créons des start-up sur des sujets qui concernent notre agriculture. Cela étant, il y a un débat et nous pouvons tous être victimes des bulles que représentent les réseaux sociaux et des loupes déformantes qu'ils créent.
Les propos que vous avez rapportés concernant l'INRAE sont proprement scandaleux. Ils insultent les milliers de personnes qui travaillent pour cet institut. Je tiens à défendre l'honneur de nos chercheurs. Ils sont mobilisés auprès des agriculteurs depuis que l'INRA et l'IRSTEA existent. Cette majorité silencieuse n'est probablement pas active sur les réseaux sociaux, mais elle apporte les solutions aujourd'hui et les apportera demain. Je souhaite vraiment vous communiquer toutes les informations dont vous avez besoin dans le cadre de la présente commission d'enquête, pour rétablir cette part de vérité.