Je tiens à revenir sur un point qui me semble important. J'ai été relativement mesuré dans cette question. Je note que dans le débat public, certaines expressions ont été plus véhémentes. Par exemple, un ancien député de la majorité a affirmé que « l'INRAE est devenu une ONG où des militants ont remplacé les scientifiques ». Je comprends tout à fait que les scientifiques puissent exprimer à titre personnel une opinion qui touche même leurs fonctions. La difficulté réside dans l'influence que leur prise de position peut avoir sur les travaux de l'Institut.
Les travaux de Laurence Huc portent sur la toxicologie, domaine non négligeable en matière de sécurité alimentaire. Or son approche est radicale sur les phytosanitaires, ce qui n'est pas anodin. Une fois encore, voir l'INRAE passer du temps à nous expliquer qu'il faut manger moins de viande pour consommer plus de végétaux est mal perçu par les agriculteurs qui sont confrontés à des impasses techniques. Ils considèrent légitimement que ces chercheurs pourraient avoir des priorités plus urgentes. Pourriez-vous nous donner une estimation du nombre d'employés de l'INRAE partageant ce genre d'opinion ? Pensez-vous que leurs positions influent sur les travaux de l'INRAE ? Je suppose que certains se consacrent au maintien de la production agricole française, mais qui pourraient être mis sous pression par des collègues ayant une approche différente. Vos propos me rassurent en partie, mais il est vrai que j'ai donné plusieurs exemples. J'ai le sentiment que nombre de personnes de l'INRAE travaillent à partir de positions militantes, ce qui nous fait peut-être perdre du temps.