J'ai le sentiment que votre approche de la souveraineté alimentaire intègre la notion de production, ce qui me convient personnellement. Cependant, nous avons auditionné plusieurs membres de l'INRAE et je n'ai pas ressenti le même sentiment de leur part. Certains sont partisans d'une certaine forme de décroissance et le revendiquent ouvertement.
L'année dernière, j'ai participé à la commission d'enquête sur les phytosanitaires, au cours de laquelle où nous avons auditionné Laurence Huc, qui ne cache pas son militantisme. Elle est membre de Scientifiques en rébellion et participe à des manifestations avec Extinction Rebellion, qui prône une décroissance agricole radicale. Je m'interroge donc sur l'utilisation du milliard d'euros confié annuellement à l'INRAE. Quelle part de cet argent finance des partisans de la décroissance ? Cette opinion, surtout venant de scientifiques, est tout à fait respectable. Dans la mesure où nous devons défendre notre souveraineté alimentaire, ne perdons-nous pas cependant du temps et de l'argent ?
Ce positionnement se reflète également dans les travaux de l'INRAE, même dans leurs publications. Par exemple, un tweet de l'INRAE était ouvertement anti-viande. Il a par la suite été supprimé. On sent que certains membres de l'Institut en font un combat. Prenons l'étude publiée en mars 2023 sur une agriculture européenne sans produits chimiques de synthèse d'ici 2050. Une des trois solutions proposées consiste à réduire la consommation de viande, ce qui montre une forme de militantisme. Un autre exemple est le colloque du 30 novembre 2023 sur la sortie des produits chimiques de synthèse dans la filière des pommes. Aucun producteur n'a été invité à ce colloque. On fait débattre des personnes ayant de grandes idées sur les productions agricoles sans inclure les principaux concernés.
Ainsi, dans les moyens conséquents que vous avez rappelés et qui sont confiés à l'INRAE pour trouver des solutions, ne nourrissons-nous pas une forme de militantisme qui fait perdre du temps à l'agriculture ? À moins que l'on ne considère que l'agriculture doit s'inscrire dans une forme de décroissance, ce qui serait paradoxal avec l'objectif affiché par le ministère. Avez-vous un avis sur cette question ?