Nous faisons face à un défi gigantesque. Toutes les filières arboricoles n'utilisent pas les néonicotinoïdes, heureusement. Cependant, pour le balanin du noisetier, nous nous trouvons dans une situation de quasi-impasse. Des recherches ont été menées, notamment sur des solutions de biocontrôle pour cette filière. Nous rencontrons des problèmes similaires avec d'autres substances interdites, comme pour la cerise et les cerisiers, où la mouche drosophile Suzuki cause des ravages. Nous déployons des stratégies de recherche. Le premier domaine d'investissement de l'INRAE vise à ce jour la recherche de solutions alternatives aux phytosanitaires et la protection des cultures. L'effort est considérable en la matière, en plus de ceux qui sont fournis sur la génétique, le biocontrôle et les solutions agronomiques. Il faut adopter une approche au cas par cas.
Pour le cerisier, nous travaillons avec nos collègues du CTIFL (Centre technique interprofessionnel des fruits et légumes) sur plusieurs pistes de biocontrôle, y compris la technique dite de l'insecte stérile. Nous lâchons des insectes stériles pour casser les cycles de reproduction des mouches drosophile Suzuki. Nous avons récemment effectué des lâchers et présenté ce travail au ministre de l'agriculture dans notre centre d'Avignon, en collaboration avec le CTIFL.
Nous devrons trouver des solutions adaptées, parfois en recourant à la génétique. En génétique du noisetier, nous n'avons pas d'équipe dédiée, bien que nous soyons présents sur beaucoup d'autres sujets. Nous nous concentrons donc sur des solutions de biocontrôle et des alternatives pour la protection des cultures.
L'effort est soutenu par le plan d'action stratégique pour l'anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures (PARSADA), lancé dans le cadre de la planification écologique par le Gouvernement. Cette année, 146 millions d'euros sont consacrés à des recherches très pratiques et appliquées, filière par filière, pour résoudre les impasses ou anticiper les risques d'impasses sur des molécules surveillées par les agences européennes et nationales. De nombreux projets ont été déposés par les instituts techniques de toutes les filières, avec le soutien des laboratoires de l'INRAE. Nous avons cette vision – peut-être pas enthousiaste, mais raisonnablement optimiste –, que la France, face à cette échéance très difficile, se donne les moyens d'être au meilleur niveau européen, voire international, dans le cadre du plan PARSADA.
Nous n'avons jamais fourni un tel effort. Le plan Écophyto peut être considéré comme un échec relatif, un demi-succès ou un demi-échec. Il a accompli certaines choses et nous nous satisfaisons qu'il se poursuive afin de faire avancer la recherche et de déployer des solutions. Cependant, nous n'avions jamais obtenu autant de financements pour travailler sur ces alternatives. Les projets ne sont pas encore sélectionnés mais plus d'une centaine de propositions ont été reçues par le comité scientifique ces dernières semaines. Si vous interrogez le ministère de l'agriculture ou l'INRAE, nous pourrons vous donner un état des lieux des recherches qui seront soutenues sur les alternatives. Toutes les propositions ne seront pas retenues et certains petits projets pourraient être regroupés, mais les moyens sont élevés, pour nous donner le maximum de chances de trouver des solutions.