Je corrige ce que j'ai dit précédemment. Le secteur semencier se mobilise fortement sur ce sujet, dans le cadre du PNRI, pour développer des variétés tolérantes, voire résistantes à la jaunisse. La difficulté réside dans le fait qu'il existe plusieurs virus et non un seul. Nous travaillons sur toutes les filières végétales pour développer une résistance aux virus, avec de nombreux exemples réussis après cinq à dix ans de recherche pour mettre au point des variétés résistantes. L'INRAE mène les travaux en amont, puis les sélectionneurs et les semenciers délivrent ces semences. Ce travail prend du temps, mais est possible. En revanche, la jaunisse est liée à plusieurs virus, ce qui suppose de développer des résistances sur plusieurs gènes et pour différents virus.
Dans les années 2010, ce travail n'était pas une priorité. Comme vous l'avez évoqué, la sélection génétique implique de combiner de nombreux traits de caractère. La perception d'alors était que les néonicotinoïdes offraient une solution de protection efficace pour la filière et que se concentrer sur la résistance aux maladies pourrait entraîner une perte de rendement en sucre. La priorité était d'augmenter le rendement en sucre pour rester compétitif à l'international. Je ne critique pas les arbitrages qui ont été rendus, je les décris pour illustrer la complexité de la recherche, du développement et de l'innovation.
En la matière, les solutions ne sont pas binaires. Elles présentent des avantages, mais peuvent aussi entraîner de petites pertes de rendement ou des contraintes techniques supplémentaires. Ces sujets suscitent parfois des débats. La recherche produit des solutions aussi proches que possible de la cible, avec une certaine efficacité qui n'est pas toujours immédiatement satisfaisante pour les agriculteurs.
Quant à ce « dernier kilomètre » – celui où l'on arrive à une variété résistante et performante en rendement pour éviter toute perte –, nous n'y parvenons pas toujours. Le cas échéant, une légère perte de rendement implique que l'agriculteur soit compensé par un niveau de prix plus rémunérateur, afin qu'il continue de produire et en vue du maintien de notre souveraineté.
Certains sujets échappent à la recherche, ce qui ne signifie pas pour autant que la recherche française est défaillante. Nous restons les premiers publicateurs en Europe sur la jaunisse de la betterave. Nos collègues belges, néerlandais et allemands, mobilisés par leur filière betterave-sucre, n'ont pas trouvé de solution à ce jour, en l'absence de néonicotinoïdes en Europe. Une solution pourrait émerger demain et si nous la trouvons, les autres en bénéficieront aussi. Il s'agit d'un véritable défi scientifique. Aujourd'hui, les semenciers sont très mobilisés. Ils ont fait des annonces, dans le cadre du PNRI, sur les niveaux de performance atteignables. Nous pourrons joindre ces informations au compte rendu pour montrer leurs avancées. D'un point de vue technique, pour les agriculteurs, avoir des semences résistantes est plus efficace et plus simple que de combiner diverses solutions de protection au champ.