Le budget de notre institut s'élève à environ 1,1 milliard d'euros, dont environ 75 % proviennent d'une subvention versée par le ministère de la recherche. Une petite subvention complémentaire est versée par le ministère de l'agriculture. Le reste des ressources provient des contrats que nos chercheurs passent, que ce soit au niveau national ou européen, dans le cadre des appels d'offres sur le financement de la recherche, du plan France 2030, et des contrats avec les entreprises.
Les charges de masse salariale représentent environ 75 % de notre budget, couvrant les salaires des chercheurs, ingénieurs et techniciens. Les 25 % restants sont consacrés à l'investissement, car il est crucial de continuer à investir pour rester compétitif dans la recherche mondiale. Concernant la répartition entre recherche fondamentale et recherche appliquée, il est difficile de donner des chiffres précis. Nous essayons de maintenir un continuum sans séparer les chercheurs travaillant sur des questions fondamentales de ceux travaillant dans nos fermes pilotes.
On peut estimer que deux tiers de notre recherche visent à comprendre les mécanismes dans les végétaux, les animaux, les maladies, le fonctionnement des sols et l'agronomie. Le tiers restant concerne la recherche appliquée, bien que cette estimation soit approximative. Le budget consacré à nos unités expérimentales, plateformes technologiques et infrastructures nécessaires à la recherche représente environ un tiers de notre budget. La recherche appliquée en dehors de l'INRAE est principalement conduite par les instituts techniques agricoles et agroalimentaires, ainsi que par la recherche privée dans les coopératives et entreprises. Il est parfois considéré que notre budget d'un milliard d'euros par an est conséquent, mais je rappelle que l'INRAE est le premier organisme en Europe et le troisième au niveau mondial. De plus, ce montant est équivalent au budget de recherche d'une seule entreprise internationale de l'agrochimie, uniquement pour ses recherches sur les molécules.
Nous travaillons pour toutes les filières agricoles, sur tous les sujets de transformation agroalimentaire, et en recherche dans les domaines de la forêt, de l'eau, des risques naturels et de la prévention des avalanches. Le lien entre la nutrition et la santé fait également partie de nos préoccupations. Ce budget couvre donc de nombreux domaines. Nous sommes conscients de l'ampleur de la tâche, mais cela peut être relativisé en regardant les moyens dont disposent certaines grandes entreprises internationales, notamment en Chine, pays qui investit massivement dans la recherche agricole et agroalimentaire, distançant l'Union européenne et les États-Unis.
Je ne sais pas si j'ai bien répondu à votre question. Peut-être s'agissait-il du budget consolidé de la nation pour l'agriculture, en incluant les investissements publics et privés. Nous essaierons de retrouver ces informations avec Marc Gauché.
Par ailleurs, l'INRAE n'est pas le seul acteur de la recherche publique. Les écoles d'agronomie – comme AgroParisTech, l'Institut Agro et d'autres écoles agronomiques et vétérinaires – co-investissent avec nous dans les unités de recherche et jouent un rôle important en formant les ingénieurs et vétérinaires de demain au contact de nos laboratoires. Le CIRAD (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) travaille également sur la recherche pour le Sud et les outre-mer, des filières ultramarines cruciales avec leurs propres enjeux de souveraineté. Le CNRS (Centre national de la recherche scientifique), quant à lui, complète notre travail avec une recherche plus fondamentale, en collaboration avec de nombreuses universités dans vos territoires, telles que Paris-Saclay, Montpellier, Rennes, Dijon, Avignon, Strasbourg et Colmar. Ces partenariats avec les universités sont essentiels.
En comparant notre situation avec celle des grands pays comme la Chine, les États-Unis, le Brésil, l'Allemagne, l'Italie et l'Australie, on constate qu'ils ont tous un champion national de la recherche agricole, comme l'INRAE en France, ou une académie d'agriculture. Cependant, ces pays ont aussi des universités qui investissent massivement dans la recherche agricole, ce qui crée un écosystème plus équilibré. Le risque de décrochage pour nous pourrait venir de là. J'encourage donc les écoles et universités françaises à co-investir avec nous dans la recherche pour l'agriculture et l'alimentation.