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Intervention de Philippe Mauguin

Réunion du mercredi 22 mai 2024 à 9h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Philippe Mauguin, président-directeur général de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement :

Nous pourrions vous transmettre des points factuels et synthétiques, portant sur les travaux de nos chercheurs de l'INRAE et de l'ITB.

Le ministre Marc Fesneau a donné son accord pour que les recherches continuent dans le cadre du PNRI. La fin de la dérogation ne signifie pas l'arrêt des recherches, bien au contraire. Nous poursuivons notre travail avec nos collègues de l'ITB sur diverses solutions combinatoires. Toutes ne réussiront pas et parfois nous rencontrons des déceptions avec des pistes prometteuses qui se révèlent trop complexes. La montée en puissance des avancées génétiques et des semences présentant de bons niveaux de tolérance, qui doivent encore s'améliorer, sera le socle de la résistance et de la protection de notre filière betteravière.

Nous pourrons compléter avec les recherches effectuées sur les plantes compagnes et le biocontrôle. La prophylaxie s'avérera également importante. Il est en effet crucial d'éviter que les sources de virus qui sont présentes dans nos champs de betteraves persistent d'une campagne à l'autre. Nos chercheurs et ceux de l'ITB ont identifié des réservoirs de virus dans les produits restants au champ, souvent mis en bout de champ. Un important travail a été réalisé avec les planteurs pour que ces résidus soient enfouis. Entre 2022 et 2023, cette prophylaxie, menée avec l'appui des coopératives sucrières qui ont mobilisé l'ensemble des planteurs, a eu un effet extrêmement positif. Dans les zones où ce travail n'a pas été fait, des attaques de jaunisse ont été observées.

Avec la volonté de réduire les phytosanitaires, qui est générale en Europe, nous aurons de plus en plus besoin de solutions combinatoires, mais aussi de la prophylaxie, pour limiter la présence des bioagresseurs. Nous devons continuer de travailler sur ce sujet, car il reste des points faibles. La gestion est compliquée, notamment dans les zones de multiplication des semences où des virus sont encore présents. Je suis plutôt optimiste. La génétique est probablement la meilleure réponse, mais elle ne suffira pas à garantir une protection et une sécurité totales. Il faudra donc rester très vigilants en ce qui concerne la prophylaxie. Le rôle des coopératives et de la profession s'avérera crucial. Nous apporterons peut-être des solutions plus robustes demain en biocontrôle. Nous sommes armés pour l'avenir – tel est mon souhait – afin de ne plus jamais connaître de crises de l'intensité de celle que nous avons vécue en 2020, avec les niveaux de perte que nous avons subis. Le risque zéro est inatteignable, contrairement à ce que nous avions avec les solutions chimiques comme les néonicotinoïdes. Cependant, un risque maîtrisé, qui pourra évoluer d'une année sur l'autre sans mettre en danger les sucreries et les zones de plantation, constitue un objectif réaliste. C'est ce que nous avions affirmé avec Alexandre Quillet, président de l'ITB, lorsque Julien Denormandie, alors ministre, nous avait interrogés. Nous avions répondu que le PNRI pourrait offrir des solutions, peut-être pas aussi performantes que les néonicotinoïdes, mais suffisamment proches pour limiter au maximum le risque.

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