Il n'existe pas de système de charge de la preuve tel que vous le décrivez, Monsieur le député. Les personnes qui considèrent être victimes, notamment en Polynésie, doivent simplement indiquer où elles se trouvaient et à quel moment, puis présenter des documents attestant de leur domiciliation. Je vous cite la méthodologie pour les personnes présentes en Polynésie en dehors des sites du CEP, pour lesquelles la méthodologie diffère : « les conséquences sont appréciées par la dose efficace engagée. Cette dose efficace engagée, pour la période des essais, figure sous forme de table dans une étude du CEA de 2006, dont la méthodologie et les résultats ont été validés par un groupe de travail international missionné par l'AIEA ». En d'autres termes, il suffit que les personnes attestent de leur présence à un moment donné et qu'elles aient subi une dose supérieure à 1 mSv pour une année donnée, pour que leur demande soit recevable.
Par ailleurs, il est inexact d'affirmer que le taux de cancers radio-induits est de manière générale supérieur en Polynésie par rapport à la métropole. Cela est vrai pour certains cancers, notamment le cancer de la thyroïde, bien que des taux supérieurs soient également observés en Nouvelle-Calédonie. Je n'ai rencontré aucun médecin affirmant qu'avec un taux de satisfaction des demandes supérieur à 50 % et une dose minimale de 1 millisievert, il est possible de passer à côté d'une victime. Lorsque je présidais le Civen, le professeur Abraham Béhar, figure de proue, aux côtés de l'amiral Sanguinetti, des combats antinucléaires, siégeait, et toutes nos décisions ont été prises avec son accord.
Il est essentiel de clarifier un point : toutes les personnes atteintes de cancers ne peuvent pas attribuer leur maladie aux rayonnements. Il convient de se baser sur ce fait, à moins d'envisager d'indemniser le risque et l'angoisse générés par les essais nucléaires, le mensonge sur l'absence de risque pour tous, etc. Cela nous mènerait à une impasse. Nous ne descendrons pas en dessous de 1 millisievert. D'ailleurs, à l'époque des essais nucléaires, la dose admissible pour le public n'était pas de 1 millisievert, mais de 5 millisieverts. Cette dose a ensuite été abaissée pour l'ensemble de la population.