Mesdames, messieurs, avant de débuter mon intervention, je souhaite observer un moment de silence en hommage à ceux qui ont rendu possible notre rencontre aujourd'hui. Il s'agit de Roland Oldham, Bruno Barillot, Michel Verger, fondateur de l'association des vétérans des essais nucléaires, du docteur Jean-Louis Valatx, chercheur et commandant, de Patrice Bouveret, directeur de l'Observatoire des armements, qui nous aide considérablement dans la constitution des dossiers ainsi que dans les relations nationales et internationales, ainsi que de « Papy » John Doom, figure paternelle pour tous les Polynésiens et anciens travailleurs des sites [M. Arakino montre des portraits].
Ia ora na, bonjour, merci de m'accueillir aujourd'hui. C'est avec une grande émotion que je me présente devant vous pour témoigner et proposer des solutions, afin de progresser. Entre la première réunion que vous évoquiez, le 15 janvier 2002, et l'audition d'aujourd'hui, vingt-trois ans se sont écoulés, mais très peu d'avancées ont eu lieu. Nos vétérans continuent de souffrir, ce qui m'a poussé, avant même de partir en retraite, à rejoindre le syndicat du SDIRAF.
Il est essentiel aujourd'hui de faire un point sur la situation. Merci pour cette remise en question de nos responsabilités, mauruuru. Nous, vétérans, devons également assumer les nôtres, notamment à travers le devoir de mémoire.
Certaines personnes continuent de souffrir, mais refusent de s'exprimer notamment pour des raisons culturelles. Dans notre société, lorsque nous recevons une compensation pour un travail, il nous est difficile de ne pas honorer notre engagement, même en cas de maladie.
Je tiens à préciser que deux points de vue coexistaient dans notre pays : d'une part, l'acceptation de l'installation des sites d'essais nucléaires, faute pour la population de disposer de suffisamment d'informations et, d'autre part, la véritable histoire de mon pays. Celle-ci, je l'ai pour ma part apprise grâce à l'association Moruroa e tatou, qui m'a permis de découvrir à sa véritable échelle – la Polynésie est aussi vaste que l'Europe – et non du seul point de vue des Tuamotu dont j'étais originaire. Avant d'intégrer Moruroa e tatou, mes connaissances se limitaient à ce qu'il s'était passé sur mes atolls, aux Gambier. C'est pourquoi il est essentiel de manifester notre solidarité, dont la quête motive mon intervention aujourd'hui.