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Intervention de Jean-Luc Moreau

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h00
Commission d'enquête relative à la politique française d'expérimentation nucléaire, à l'ensemble des conséquences de l'installation et des opérations du centre d'expérimentation du pacifique en polynésie française, à la reconnaissance, à la prise en charge et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, ainsi qu'à la reconnaissance des dommages environnementaux et à leur réparation

Jean-Luc Moreau, conseiller spécial de la FNOM :

J'ai servi dans la Marine nationale de 1973 à 1995, participant aux expérimentations nucléaires de 1982 à 1983 et de 1991 à 1993, au sein du Service mixte de sécurité radiologique (SMSR). En dehors de ces périodes, j'étais chargé de la radioprotection sur des réacteurs et des armes nucléaires. J'étais habilité au secret-défense et, à mon départ de la Marine nationale, j'ai signé un engagement à respecter ce secret. Cependant, le Président de la République ayant autorisé la publication des archives sur les expérimentations nucléaires, à l'exception des documents contenant des informations à caractère proliférant, je m'appuie sur cette décision pour m'exprimer librement aujourd'hui.

Je souhaite vous exposer les conditions de travail sur les sites, qui concernent l'ensemble des vétérans civils et militaires, qu'ils soient métropolitains ou polynésiens, car nous avons travaillé ensemble sans distinction d'origine ou d'employeur. Je partagerai également mon analyse sur plusieurs points significatifs concernant la reconnaissance des conséquences des expérimentations nucléaires en Polynésie française.

J'aimerais avant tout vous livrer une anecdote personnelle afin d'illustrer nos conditions de travail. En juillet 1983, j'intervenais au titre de la radioprotection sur un poste de forage consistant à prélever une carotte de lave produite lors d'une explosion nucléaire. La tête du train de tiges a percé une poche de gaz, entraînant une éjection d'un mélange radioactif d'eau et de gaz par la colonne de forage. Après l'arrêt en urgence de l'installation, nous nous sommes sauvés en courant sous la pluie. J'ai constaté la radioactivité du mélange avec un détecteur portable, mais les résultats des prélèvements envoyés au laboratoire ne nous ont jamais été transmis, ce qui illustre un réel problème de communication entre les laboratoires d'analyses et la radioprotection sur le terrain. Sur le chantier, la radioactivité ambiante était élevée et j'ai relevé des taux d'irradiation significatifs au-dessus des flaques d'eau. Aucun travail de décontamination n'a été effectué et les travaux de forage ont repris sur l'installation contaminée.

Notre seule protection consistait en une combinaison en coton et des chaussures en toile de type Pataugas. Les instructions prévoyaient un changement de combinaison et de chaussures en cas de contamination respectivement supérieure à 1 000 et 2 000 chocs par seconde (c/s). Nous devions également prendre une douche en cas de contamination cutanée supérieure à 100 c/s. Or, dans l'industrie nucléaire en France, de telles conditions de travail ne seraient pas acceptées. Lors de la remontée du carottage de la lame d'explosion, nous devions mesurer un débit de dose au contact du prélèvement supérieur à dix rads par heure (rad/h) soit 100 milligrays par heure (mGy/h), ce qui signifie un millisievert (mSv) atteint en quelques secondes. Si la valeur mesurée était inférieure, les travaux continuaient jusqu'à l'obtention d'un échantillon valide. Pour limiter la dose reçue lors de la mise en place du château de plomb de transport, le prélèvement était redescendu dans le puits de forage après la mesure au contact. La manutention pour introduire le prélèvement dans le château était manuelle.

En fin de travaux, j'ai passé un examen d'anthropogammamétrie. Lorsque je suis sorti de l'enceinte, j'ai voulu examiner le spectre de mesure, mais le médecin présent s'est interposé devant l'écran, certifiant l'absence de résultat anormal. Travaillant en laboratoire au SMSR, je disposais d'une certaine expérience dans la lecture des spectres énergétiques. J'ai constaté un pic anormal, mais je n'ai pas pu approfondir mon examen. Je n'ai jamais été informé de la dose enregistrée sur mon dosimètre, ni des résultats des examens biologiques. Dès réception de votre invitation, soit le lundi 13 mai, j'ai demandé mes relevés de doses et les résultats d'examen au département de suivi des centres d'expérimentations nucléaires (DSCEN), mais je n'ai rien reçu à ce jour. A priori, ceux-ci sont disponibles, cependant, il est impossible de les obtenir malgré mes appels téléphoniques.

J'aimerais partager une seconde anecdote concernant l'expérimentation aérienne et émanant d'un témoin digne de foi, ancien président de la FNOM. Un quadrimoteur Douglas DC-6 de l'armée de l'Air assurait le transport de fret sur les atolls de Moruroa, Fangataufa et Hao, ainsi que le transport des malades, des blessés et des passagers sur le trajet Moruroa-Hao-Papeete. Un vendredi après-midi, le DC-6 effectuait le ramassage des permissionnaires pour le week-end. Régulièrement, à l'escale d'Hao, les contrôleurs du SMSR l'inspectaient pour vérifier l'absence de contamination. Ce vendredi-là, le DC-6 était complet et, parmi les passagers, se trouvait une haute autorité. Le commandant de bord a alors clairement annoncé : « Vous ne pouvez pas redécoller, le train avant est contaminé et la contamination est telle que vous êtes placé en usage interdit ». La contamination se trouvait dans le coffre du train d'atterrissage avant. Les contrôleurs du SMSR ont signalé le problème au chef de l'antenne d'Hao. La situation étant inédite, il fallait en référer à l'état-major à Papeete. La décision de redécoller prise en haut lieu a néanmoins permis au DC-6 de franchir sa dernière étape Hao-Papeete, atterrissant sur le tarmac de la base aérienne 190 Tahiti-Faa'a. Le personnel a débarqué tard dans la soirée, le SMSR de Maïna a été averti et l'avion a été conduit à l'abri des regards pour une décontamination du coffre de son train d'atterrissage. D'où pouvait provenir cette contamination ? Il est évident que l'atoll de Moruroa est pointé du doigt. Quand le DC-6 décolle, les roues du train avant continuent de tourner jusqu'à la fermeture du coffre. Divers éléments, surtout des particules de pluie, étaient projetés dans le fond du caisson. Pour qu'ils soient classés usage interdit, deux hypothèses sont possibles. Soit son dernier contrôle remonte à un certain temps et la contamination s'est régulièrement accumulée, ce qui est peu probable au regard des contrôles systématiques à Hao, soit il a subi une contamination unique et importante sur la piste de Moruroa. Dans les deux cas, la contamination est bien réelle et ne pouvait être transportée volontairement sur Faa'a. La contamination sur Papeete n'a donc pas été amenée uniquement par les retombées radioactives.

Les conditions de travail sur les avions Vautour représentent également un sujet pertinent. Les Vautour de l'escadron Loire étaient positionnés sur la zone aéroportuaire d'Hao. À l'extrémité de la piste internationale d'une longueur de 3 380 mètres, soit une très grande distance, a été créé le centre de décontamination des aéronefs et du personnel (CDAP). Les premiers Vautour avaient pour mission le tir d'un missile de prélèvement dans les nuages dans l'heure qui suivait l'explosion. Par la suite, ces mêmes Vautour ont effectué des pénétrations dans le nuage à H plus 45 minutes pour réaliser des prélèvements. Une fois de retour sur la base, ils se rendaient directement au CDAP. Les contrôleurs du SMSR extrayaient les filtres de leurs logements situés sous les ailes et mesuraient les doses de rayonnement dégagées, environ 75 rad/h, ce qui représente des doses énormes. Ils transféraient les filtres dans un château de plomb et ces manutentions se faisaient à la main. Celui-ci partait en zone CEA et SMSR pour les premières analyses. Par la suite étaient réalisés la sortie du pilote, son contrôle, sa douche, la décontamination de l'avion, etc. Lorsque la contamination résiduelle de l'avion, après plusieurs décontaminations successives, devenait tellement importante, celui-ci était laguné, c'est-à-dire jeté à la mer grâce à des bateaux spécialisés, les gabares. L'avion contaminé était ainsi placé sur le pont de la gabare et les personnels le manipulaient librement. Il m'a fallu à ce titre traiter au CIVEN le dossier d'une personne embarquée sur gabare et décédée très rapidement de deux cancers suite à son activité.

L'analyse des diverses sources de contamination a révélé qu'à la suite des tirs aériens, contrairement aux affirmations initiales, le rendement de fission du plutonium n'était pas de 100 % lors de l'expérimentation. À ce jour, la contamination du lagon de Moruroa est estimée à une quantité de 10 à 15 kg de plutonium, ce qui représente un danger considérable pour les organismes. Pour mémoire, le rejet de plutonium dans l'environnement en France est formellement interdit. La région est polluée de billes de métal creuses ou pleines, d'environ un millimètre de diamètre, et de morceaux de caoutchouc. Le métal provient de la fusion des barges ou des pylônes utilisés pendant les premières expérimentations. En tombant dans l'eau, celui-ci se refroidissait, ce qui explique la présence de billes métalliques contaminées par du plutonium. Au début, d'autres radioéléments étaient également présents, mais c'est principalement le plutonium qui nous intéresse ici. Les morceaux de caoutchouc, appelés « peaux de ballon » par les vétérans proviennent quant à eux des tirs sous ballon, qui était totalement détruit au moment de l'explosion. Cette contamination est la plus persistante et la plus difficile à détecter, car le plutonium 239 émet principalement des particules alpha et, pour 2 %, des rayons X de 17 keV. En d'autres termes, pour détecter deux rayonnements X de 17 keV, il faut cent désintégrations de plutonium. À la suite d'une explosion mortelle en 1979, ayant causé deux décès, les autorités ont ordonné l'élimination du plutonium sur le site de Moruroa. Une lourde tâche de décontamination à l'aide d'appareils à faible efficacité de détection a alors été entreprise par des équipes de marins. Cependant, cette tâche s'est avérée interminable, car chaque tempête et chaque explosion souterraine renvoyaient la contamination en suspension dans le lagon, la ramenant sur le récif. Les équipes sur le terrain étaient protégées par des combinaisons étanches et des masques respiratoires, garantissant une protection adéquate. Une analyse sur frottis internes des masques respiratoires a été réalisée en laboratoire, révélant que plusieurs marins de ces équipes avaient été contaminés par du plutonium. Par ailleurs, le ratissage du terrain était long et fastidieux, avec des résultats aléatoires.

Toutefois, les contrôles en zone de vie se faisaient en tenue décontractée pour éviter d'alarmer les personnes présentes. Après l'explosion de 1979, l'accès aux zones extérieures de la zone de vie n'était autorisé qu'aux personnes ayant une raison spécifique d'y aller, c'est-à-dire les personnels du SMSR et quelques personnes habilitées à intervenir pour des missions ponctuelles. Des barrières avaient été installées de part et d'autre de la zone de vie et seuls les personnels expressément autorisés pouvaient les franchir. Même en zone de vie, le risque de contamination restait significatif, notamment lors des baignades ou des temps de détente sur la plage. À l'époque, la baignade était autorisée. Seule l'interdiction de consommer du poisson pêché dans le lagon était appliquée. Les autorités justifiaient cette mesure non par un risque de contamination, mais par un taux de ciguatera plus élevé que dans les autres atolls.

Il est convenu que la période radioactive des éléments de fission, suite à une explosion nucléaire, diminue de moitié toutes les sept heures. Ainsi, après dix périodes, soit environ trois jours, il ne subsiste plus que le millième de la dose résiduelle initiale. Autrement dit, après trois jours, il est possible de revenir sur le terrain moyennant un minimum de précautions. Aujourd'hui, seuls les radionucléides à vie longue, comme le césium 137 (30 ans), le krypton 85 (10 ans), le strontium 90 (29 ans) et le plutonium 239 (24 000 ans) subsistent. Les autres produits, tels que l'iode 131, disparaissent en quelques jours. Actuellement, le principal problème reste donc le plutonium 239. En effet, sur la base des dix périodes évoquées plus haut, le plutonium disparaîtra naturellement de la Polynésie française dans 240 000 ans.

Au SMSR de Montlhéry, je réalisais des mesures de particules alpha pour identifier l'isotope des radionucléides et calculer les activités en fonction des énergies des particules. Ces prélèvements contenaient divers isotopes de plutonium et d'uranium. Je n'ai jamais connu l'origine des prélèvements ni l'exploitation des résultats, mais j'ai personnellement conclu qu'il existait des zones fortement contaminées. Le traitement des échantillons pour une analyse de plutonium nécessitait un processus chimique fastidieux et imposait une électrodéposition sur coupelle en inox du concentré obtenu, procédé complexe que peu de laboratoires sont capables d'effectuer. Le SMSR disposait de cette technologie lorsque je suis arrivé en 1981-1982 et, par conséquent, nous connaissions déjà les contaminations au plutonium à cette période. Il m'était cependant impossible de déterminer si celui-ci avait une origine biologique ou minérale. Au laboratoire de Moruroa, j'ai également constaté dans mes mesures un fort taux de tritium dans l'eau. L'eau tritiée est un poison biologique d'une période de douze ans. Son ingestion sous cette forme est néfaste pour l'organisme. Le tritium était détecté par électroluminescence et la recherche de contamination interne se faisait via une analyse d'urine en cas de contamination ponctuelle, suivie d'une élimination naturelle et rapide. Étant donné que sa période est longue, nous sommes encore confrontés à des niveaux de tritium collectivement importants. Les analyses du tritium, comme pour le plutonium, sont complexes et nécessitent des laboratoires spécialisés. Pour les radioéléments émetteurs gamma, une spectrométrie permettait de détecter une éventuelle contamination interne, examen relativement simple à réaliser.

Un dossier médical est établi pour chaque marin et pour ceux classés PDA puis catégorie A, les relevés de doses et les résultats d'examens spécifiques sont inscrits, sauf pour les périodes d'affectation à la Direction des centres d'expérimentations nucléaires (DircEN), ce qui concerne environ 50 000 marins. Les médecins des unités n'étaient pas en mesure d'effectuer un suivi médical adapté pour les marins ayant subi des agressions nucléaires liées à l'expérimentation. La plupart de mes camarades, une fois revenus en métropole, ont été affectés sur des bateaux de surface, dans diverses unités, où ils n'étaient pas classés comme personnels directement affectés. Dans leur carrière, ils n'ont donc jamais subi de contrôle lié à une éventuelle contamination et irradiation. Seuls les personnels affectés aux sous-marins ont bénéficié d'un contrôle spécifique. La culture du secret était totale. À titre personnel, je n'avais aucune connaissance de l'existence d'un quelconque dossier médical me concernant. Je l'ai découvert par le biais d'un camarade ayant réalisé le rapatriement des dossiers de l'hôpital militaire Jean Prince de Tahiti en 1996.

Concernant les procédures d'indemnisation, les dossiers pour le CIVEN doivent inclure un justificatif de la dose radioactive reçue par le demandeur. Le seuil est fixé à 1 millisievert (mSv). Si une irradiation par rayonnements gamma peut être aisément prouvée si un film dosimètre a été porté, il en est tout autrement pour les contaminations internes, notamment pour le plutonium, actuellement indétectable par examen non invasif. Celui-ci se fixant sur le foie, les os et la moelle osseuse, il faudrait gratter les os ou prélever un morceau de foie pour déterminer le taux de contamination a posteriori. Pour rappel, les mesures de dose sont de deux ordres. L'industrie utilise le gray (Gy) quand la dose n'est fonction que de l'énergie délivrée lors de l'interaction avec la matière. L'utilisation du sievert (Sv) est médicale, car en plus de l'énergie délivrée, son impact biologique est évalué. L'utilisation du sievert par le CIVEN sous-entend une interprétation médicale d'un résultat d'irradiation ou de contamination interne. Cependant, comment interpréter une donnée brute issue d'une archive du ministère des armées, alors qu'à l'époque du relevé, aucune information ni contre-expertise n'étaient mises à la disposition de l'intéressé ? Seuls les médecins devraient parler de sieverts, tandis que l'industrie devrait s'exprimer en grays.

À ce jour, hormis la contamination par le césium 137, seule subsiste la contamination interne en uranium et en transuraniens. Je parle de transuraniens car on trouve sur les sites des traces d'américium 241. Cette présence dans l'organisme constitue une source insidieuse de maladies. Tandis qu'une irradiation externe, notamment par des particules alpha, est négligeable, son impact en contamination interne est catastrophique au niveau cellulaire. De plus, l'uranium et le plutonium sont des métaux lourds, tels que le plomb ou le mercure, et sont donc également des poisons chimiques. La plupart des vétérans ignorent s'ils ont été irradiés ou contaminés. Ils n'ont pas été informés des résultats des examens qu'ils ont subis. Plusieurs décennies plus tard, lorsque la maladie se manifeste, ils se trouvent dans l'incapacité de fournir cette preuve. Lorsqu'on fume, on le sait. Lorsqu'on est irradié, on ne le sait pas. Je considère que les médecins militaires en charge du suivi médical des vétérans ont été plus militaires que médecins, jugement certes sévère que je maintiens néanmoins.

La FNOM demande que la preuve d'irradiation et de contamination ne soit plus exigée par le CIVEN dans la mesure où son absence constitue le principal obstacle à l'indemnisation. La seule présence sur les sites et la confirmation des maladies radio-induites devraient suffire. Il ne faut pas ajouter de souffrance morale à la souffrance physique. De nombreux camarades se sont vus refuser une indemnisation parce qu'ils n'ont pas été en mesure de prouver leur contamination. En qualité d'association représentative des vétérans des essais nucléaires, nous demandons l'ouverture des archives médicales détenues par le ministère des armées, qui permettrait de s'assurer de la bonne conservation des dossiers, ceux-ci pouvant servir de base à de véritables études épidémiologiques. La connaissance des prévalences de décès prématurés et des maladies des vétérans ayant porté une dosimétrie individuelle ou ayant séjourné dans des zones de dosimétrie collective serait ainsi établie. Aujourd'hui, c'est l'opacité totale. Nous demandons que les dossiers individuels soient transmis directement aux intéressés ou aux ayants droit sans demande particulière.

La loi de 2012 prévoit que la commission de suivi des conséquences sanitaires se réunisse deux fois par an. Malgré plusieurs courriers adressés aux ministres de la santé successifs depuis février 2021, aucune réunion ne s'est tenue depuis cette date. Nous craignons la suppression de cette commission sous prétexte qu'elle ne s'est pas réunie depuis plus d'un an, comme l'a déclaré le Premier ministre. Nous demandons que cette commission soit conservée et qu'elle se réunisse, ainsi que l'ajout de maladies au décret d'application. Nous souhaitons également qu'une étude épidémiologique sur la contamination par le plutonium soit conduite par les vétérans des sites, ainsi que le développement d'une méthode de recherche de plutonium in vivo. En effet, la contamination au plutonium n'est pas une vue de l'esprit. L'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) mentionne à ce titre une contamination des poissons et des bénitiers à 1 400 km. C'est écrit dans des rapports publics, et personne ne semble réagir à ces informations. Cela me surprend beaucoup. L'IRSN fait également état d'un rendement des armes nucléaires évalué à 10 %.

L'attribution de la médaille de la défense nationale avec l'agrafe essais nucléaires, est jugée insuffisante par les vétérans. Ils estiment que cette distinction ne reflète pas les risques encourus et les conséquences à long terme pour les survivants. Je pense particulièrement à tous nos camarades qui nous ont quittés prématurément et dans la souffrance. Les vétérans ont accompli leur mission conformément à leur engagement de servir la patrie en toutes circonstances. Ils ont honoré leur parole, en ont subi les conséquences physiques et les effets de leur engagement perdurent encore aujourd'hui. Il ne faut pas se contenter d'attendre la disparition du dernier vétéran pour lui rendre hommage. La FNOM demande ainsi une véritable reconnaissance à travers l'attribution du titre de reconnaissance de la Nation.

Pour conclure, les marins ayant participé aux expérimentations nucléaires ressentent la satisfaction du devoir accompli, dans une période de guerre froide caractérisée par la présence de pays du Pacte de Varsovie à moins de 200 kilomètres de Strasbourg. Dans les années 1960 et 1970, de nombreux marins en activité étaient conscients de l'histoire récente de la marine et du regard que lui portait le général de Gaulle. Les vétérans demandent uniquement la reconnaissance de leur engagement au service de la France, ainsi que la prise en charge des camarades et de leurs familles, affectés par les conséquences des radiations ionisantes. Je tiens par ailleurs à préciser que l'indemnisation accordée par le CIVEN n'est pas cumulable avec une pension militaire d'invalidité (PMI) pour une même pathologie. La FNOM souhaite que la période de service soit valorisée. Le passif perdure et la France devrait solder totalement cette période par une réparation réelle des conséquences subies par le peuple polynésien. Les anciens marins vétérans ont pris pleinement conscience de l'impact des essais nucléaires et témoignent un profond respect à nos concitoyens polynésiens.

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