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Intervention de Florent de Vathaire

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h00
Commission d'enquête relative à la politique française d'expérimentation nucléaire, à l'ensemble des conséquences de l'installation et des opérations du centre d'expérimentation du pacifique en polynésie française, à la reconnaissance, à la prise en charge et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, ainsi qu'à la reconnaissance des dommages environnementaux et à leur réparation

Florent de Vathaire, directeur de recherche de première classe de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), premier signataire de l'expertise collective de l'INSERM « Essais nucléaires et santé :

Le chiffre de 2,3 % est donné selon un intervalle de confiance très important (10 %) et seulement en l'état actuel des connaissances. Nous avons mené une étude sur des cas témoins, c'est-à-dire des personnes atteintes de cancer. Nous avons comparé leurs histoires d'irradiation respectives selon la méthode habituelle. Cependant, les doses étant très faibles, l'intervalle de confiance des résultats s'est avéré gigantesque. Le chiffre de 2,3 % correspond donc à une projection des connaissances actuelles sur les populations européenne et japonaise, à partir des nouvelles doses que nous avons calculées (4 à 6 mSv) comme mentionné précédemment. En réalité, ce pourcentage pourrait varier de 0,1 % à 10 %. Il est essentiel de comprendre qu'il ne s'agit pas d'un calcul exact. Cette projection a été réalisée avec un degré extrême de précision, en utilisant les données des recensements de 1971 pour chaque personne sur chaque île. Aucun autre type d'étude n'a jamais pu réaliser un tel calcul, à l'exception de Fukushima. Pour Tchernobyl, par exemple, cela n'était pas possible.

En ce qui concerne vos observations, il est vrai que jusqu'à présent, nous avons mené des études de manière isolée, sans impliquer la population, en raison de contraintes de temps, de budget et de tensions politiques, notamment en Polynésie française, qui avaient une incidence sur le degré de soutien apporté à nos études. Le gouvernement précédent avait ainsi exercé une forte pression pour interrompre notre étude précédente, essayant par exemple de faire en sorte que l'adresse des personnes atteintes d'un cancer de la thyroïde ne nous soit pas communiquée par la Caisse de prévoyance sociale. Nous avons pu avancer grâce au soutien des médecins locaux, mais il reste assez difficile de mener des études en Polynésie française, notamment pour les chercheurs extérieurs. C'est pourquoi, à mon avis, peu d'études y sont réalisées. Pour le projet que nous avons soumis, nous avons radicalement changé de méthode. Nous collaborerons étroitement avec l'Université de Polynésie française et les associations locales, qui seront directement impliquées dans la sélection des sujets et dans l'ensemble du processus. Après des discussions avec des sociologues, dont l'un a été auditionné ici, ainsi qu'avec d'autres experts, il est apparu que cette approche serait plus pertinente pour perfectionner nos estimations, plutôt que de nous baser uniquement sur des données démographiques, des interviews individuelles et des rapports militaires.

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