S'agissant des défaillances, nous manquons effectivement de pédopsychiatres. En tant que Professeure de médecine, je m'occupe également de la formation des pédopsychiatres en Île-de-France, aux Antilles et en Guyane. Je ne pourrai pas rentrer dans le détail, mais sachez que de multiples facteurs expliquent notre carence grave en pédopsychiatres. L'un des facteurs sur lesquels il serait possible d'agir consisterait déjà à prévoir un professeur de pédopsychiatrie dans chaque région française, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. Ce poste n'existe pas aujourd'hui aux Antilles, mais nous sommes en train d'en former un actuellement. De la même manière, jusqu'à récemment, il n'existait pas de professeurs de psychiatrie dans de nombreuses régions ou départements. Je pense notamment au Puy-de-Dôme où exerce le Professeur Lachal, qui s'est formé chez nous. Vous comprenez tous ce que peut signifier l'absence de professeur dans une université pour former les pédopsychiatres. Cette question commence à faire l'objet d'une prise de conscience, mais les changements interviennent trop lentement, ce qui n'est pas acceptable. En résumé, il est nécessaire que des professeurs de pédopsychiatrie soient présents sur l'ensemble du territoire métropolitain, mais aussi dans les outre-mer comme les Antilles, la Guyane ou la Nouvelle-Calédonie. Une telle démarche permettrait déjà d'augmenter la capacité de formation.
Ensuite, la pédopsychiatrie n'est pas totalement indépendante de la psychiatrie adulte. Il faudrait donc la reconnaître comme une discipline, mais aussi que la sécurité sociale rembourse de manière adaptée les actes des pédopsychiatres, comme c'est le cas en Suisse ou en Belgique, deux pays proches qui ont modifié radicalement leur offre de pédopsychiatrie. Par ailleurs, je souligne que la pédopsychiatrie n'est pas considérée comme une discipline en tension : quand un pédopsychiatre quitte un service, il n'est pas automatiquement remplacé.
Vous avez également évoqué les défaillances et dysfonctionnements de l'État et des départements, illustrés par le cas des MNA, qui sont très mal pris en charge. Il est exact que notre discipline est soumise à un très grand nombre de ruptures. À titre d'exemple, la semaine dernière, j'ai été informée du cas d'une petite fille qui devra quitter sa famille d'accueil parce qu'il est estimé que les liens entre celle-ci et la famille d'accueil actuelle sont trop proches. Naturellement, je m'y suis très fortement opposée, mais l'on m'a répondu que je n'étais pas Dieu sur terre.