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Intervention de Karine Lebon

Réunion du mardi 4 juin 2024 à 17h30
Commission d'enquête sur les manquements des politiques de protection de l'enfance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

J'ai suivi avec intérêt vos travaux sur la psychiatrie transculturelle. Je retiens notamment vos propos sur la langue maternelle, sujet qui me renvoie aux enfants de mon département, La Réunion, dont beaucoup ont le créole pour langue maternelle. D'après une étude sortie le mois dernier, le créole est même la seule langue parlée par la moitié de la population. Les études concernant la protection de l'enfance menée sur l'ensemble du territoire prennent rarement en compte les enfants ultramarins. Pourtant, ils se retrouvent aussi dans des situations transculturelles. Pensez-vous qu'une adaptation des dispositifs de protection de l'enfance à destination des enfants ultramarins serait nécessaire ?

Je souhaite également revenir sur le cas des enfants de la Creuse. Selon l'étude de la transplantation des mineurs de La Réunion en France hexagonale, transmise à la ministre des outre-mer en 2018, entre le début de cette politique de transfert en 1962 et sa clôture en 1984, entre 1 630 et 2 150 mineurs réunionnais ont été déplacés. Parmi eux, près d'un enfant sur trois a été déplacé avant l'âge de 5 ans dans le cadre d'adoptions et de placements familiaux. Ces mineurs transplantés arrivant sur le territoire hexagonal ont été, pour nombre d'entre eux, touchés par un choc métropolitain, aggravé par le grand éloignement. Ils ont été déracinés d'une île de l'hémisphère sud située à plus de 9 000 kilomètres de leur territoire d'accueil, dans lequel l'adaptation a été rendue difficile par des différences objectives, comme le ressenti de couleur de peau, de langue, de culture, de paysages ou encore de températures. Les enfants issus de fratries ont été séparés de leurs frères et sœurs. Certains, alors pupilles de l'État, ont fait l'objet d'un changement d'état civil, procédure alors réservée aux enfants nés sous X ou à ceux dépourvus d'acte de naissance. L'étude de la politique de l'aide sociale à l'enfance (ASE) à l'origine des placements de ces enfants a fait ressortir une gestion administrative défaillante, des traitements inadmissibles, des manques affectifs et des violences éducatives. Dans certains foyers, les témoignages laissent imaginer des faits de harcèlement, d'esclavage et de violences physiques et sexuelles.

Avez-vous eu l'occasion de vous pencher sur le sujet et, si oui, quel est votre éclairage sur le vécu de ces enfants ? Les enfants de la Creuse ont maintenant grandi, mais vous savez qu'un tel crime contre l'enfance laisse des traces. Aujourd'hui encore, les familles ultramarines dont les enfants ont été placés dans l'hexagone dénoncent des situations de racisme et de différences culturelles non prises en compte. Qu'en pensez-vous ?

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