Sur ce sujet majeur, je ne veux laisser aucune espèce d'ambiguïté.
Une fois encore, Atos est une entreprise privée, à capital exclusivement privé, dont l'État n'a jamais détenu une seule action. Nous sommes intervenus le plus tôt possible, mais sans nous précipiter car la restructuration de la dette est le problème des gestionnaires et des actionnaires d'Atos. Je pense que vous serez d'accord avec moi, Monsieur Roussel, pour dire que l'actionnaire ne peut être gagnant à tous les coups ! C'est pourtant ce qui se passerait si l'État intervenait trop tôt : quand les choses vont bien, l'actionnaire empocherait les dividendes, mais quand elles tournent mal, l'État arriverait à la rescousse. Telle n'est pas ma conception de l'action publique. Je suis gardien des deniers publics et des investissements financés par les contribuables.
Je l'ai dit plusieurs fois, Atos exerce certaines activités stratégiques que vous avez vous-même citées. Je pense notamment aux supercalculateurs BDS (big data et sécurité) ainsi qu'au contrôle commande de Worldgrid. J'ai déjà annoncé que ces activités seraient reprises soit par l'État – j'ai formulé une offre à ce propos –, soit par de grands industriels français en lien avec l'État et l'APE, soit par EDF ou des entreprises labellisées par cette société entièrement placée sous le contrôle public. Les Français sont donc assurés du maintien de la souveraineté nationale pour toutes les activités sensibles d'Atos.
Les activités que je qualifie de « communes » concernent l'infogérance, la gestion d'un certain nombre de données. Comme vous l'avez dit vous-même, la maintenance du système informatique de la carte Vitale en fait partie. Je ne dis pas que ces activités sont communes en elles-mêmes, mais que les technologies en question peuvent être exercées par d'autres acteurs français très performants dans le secteur de l'infogérance. Si Atos fait défaut, j'ai sous la main Capgemini, Sopra Steria et d'autres entreprises nationales qui pourront reprendre ces activités sans aucune difficulté. Il n'est donc pas absolument vital qu'Atos ou l'État en garde le contrôle.
Il ne me revient pas de choisir entre les repreneurs. Un mandataire judiciaire est en train de déterminer, en lien avec les actionnaires, les créanciers obligataires et les banques, quelle est la meilleure offre entre celle de Daniel Křetínský et celle de David Layani. Avant de prendre une décision, il faudra aussi examiner le financement des repreneurs afin d'avoir une vision juste des deux offres. À ce sujet, j'entends parfois des discours un peu simplistes. Pour ma part, je le répète, je me garde bien de trancher, parce que ce n'est pas ma responsabilité. La seule chose qui me préoccupe est qu'Atos bénéficie d'un financement suffisant lui permettant de restructurer sa dette, d'investir et de relancer de la façon la plus cohérente possible les activités qui resteront dans son giron. Quelle que soit l'offre retenue, je veillerai donc à ce que l'entreprise puisse continuer de se développer de manière cohérente et dynamique, sur des marchés qui le sont tout autant. Je ne mets là-dedans aucun sentiment – mon sentiment va aux salariés et aux activités d'Atos. Je n'ai de lien avec personne ; je dois rester l'arbitre impartial.