Le sujet qui m'intéresse et me préoccupe aujourd'hui est la situation d'Atos, une entreprise importante exerçant des activités stratégiques et employant 10 000 salariés. Je vous ai interpellé plusieurs fois à ce propos, Monsieur le ministre ; nous avons eu l'occasion d'échanger et vous avez été auditionné au Sénat par mon collègue Fabien Gay à ce sujet.
Nous convenons que l'entreprise exerce des activités stratégiques, en particulier dans le domaine de la cybersécurité et des supercalculateurs, mais je ne comprends pas que vous qualifiiez les autres activités de « communes », ce qui semble vouloir dire qu'elles ne sont pas stratégiques, pas importantes et qu'elles ne touchent pas à notre souveraineté. Ces autres activités, qu'Atos exerce notamment dans le champ de la protection sociale, de la santé – je pense par exemple à la maintenance du système informatique de la carte Vitale –, de la sécurité des transports ou des douanes – une administration dont elle gère le portail informatique –, nous semblent pourtant revêtir aussi un caractère stratégique et comporter une dimension touchant à notre souveraineté.
Vous plaidez pour le passage de l'État providence à un État protecteur, mais il se dit dans le pays que tout fout le camp ! Si l'État était réellement protecteur, ces activités seraient restées dans le champ public. Êtes-vous prêt à les laisser filer entre les mains d'un investisseur étranger, le milliardaire tchèque Křetínský, qui se tient aux avant-postes pour les reprendre ? Un investisseur français dont c'est le métier, M. Layani, patron de Onepoint, s'est pourtant aussi porté candidat. L'État va-t-il pouvoir agir ?
S'agissant enfin du financement de notre industrie de défense et de notre industrie tout court, il conviendrait de pouvoir faire appel à une institution publique européenne qui prêterait directement aux États, sans passer par les marchés financiers, à taux zéro ou négatif, sur la base de critères politiques définis par les nations. Cela permettrait de financer tous les grands défis que nous devons effectivement relever, tels que le défi écologique et celui de l'armement. Des sources de financement existent. C'est tout le débat que nous avons dans le cadre de la campagne pour les élections européennes, que je mène avec Léon Deffontaines, tête de liste de la Gauche unie pour le monde du travail.