Il ne vous étonnera pas que je vous interroge sur le financement de l'industrie de défense, puisque vous savez que j'ai participé à plusieurs missions portant sur ce sujet. Vous l'avez dit fort justement, les difficultés de financement de ce secteur industriel ne concernent pas les grands ensembliers, mais plutôt les PME et les start-up, dont nous souhaiterions qu'elles deviennent des entreprises de taille intermédiaire (ETI) ou des licornes.
Il faut distinguer le financement bancaire du financement en fonds propres.
Je ne vous cache pas que je ne comprends pas votre opposition à l'utilisation du livret A. Aux termes des différentes propositions de loi que nous avons déposées de manière transpartisane, cette mesure devait concerner la part non réglementée du livret A, et non la part fléchée vers le financement du logement. Les sommes mobilisées importaient moins que le symbole : il s'agissait de montrer que l'État tient vraiment au financement de l'industrie de défense, en dépit des réticences d'un certain nombre d'acteurs bancaires. Votre collègue Sébastien Lecornu avait d'ailleurs menacé, ici même, de faire du name and shame à l'encontre de l'une des grandes banques de la place.
J'en viens au financement en fonds propres, en equity. Nous en connaissons les risques, en premier lieu réputationnels. Par ailleurs, les cycles de marché du secteur ne correspondent pas à la durée moyenne d'un fonds, ce qui pose des problèmes d' exit. S'agissant enfin des risques que peuvent comporter les investissements étrangers en France, je me félicite que vous ayez prorogé l'abaissement du seuil de déclenchement des contrôles à 10 % des droits de vote dans une société cotée – vous vous souvenez certainement que je m'étais battu pour cette mesure. Il n'empêche que certains investisseurs en fonds propres hésitent à s'engager dans le secteur de la défense, de peur de ne pas pouvoir en sortir.
Où en sont vos réflexions quant à la création d'un outil financier, d'un fonds ou d'un fonds de fonds permettant d'accompagner durablement ces entreprises ? Ne faudrait-il pas réfléchir aussi à la création d'un label « défense et souveraineté » ?