Vous me reprochez de trop m'occuper des entreprises, mais c'est un peu mon rayon ! Les questions de défense ne relèvent pas vraiment de mes attributions. Je resterai donc dans mon champ de compétence, en vertu du fameux Ressortprinzip, cher à nos amis allemands.
S'agissant d'Atos, je maintiens ma position. Nous parlons d'une entreprise privée : si nous voulons savoir ce qui s'est passé, nous devons donc interroger les actionnaires, le conseil d'administration et les gestionnaires d'Atos. L'État n'a pas l'habitude de se mêler des affaires privées d'une entreprise.
En cas de difficulté, si l'État intervient trop tôt, il risque de devoir reprendre la dette sur ses épaules. Je le fais pour les entreprises publiques comme la SNCF, à qui nous avons repris 35 milliards d'euros de dette, et c'est normal. De même, quand Air France a connu des difficultés, je n'ai pas hésité à mettre la main à la poche. Pendant la crise du covid, j'ai injecté 5 milliards d'euros dans Renault, dont l'État est actionnaire, et cela ne me dérange pas du tout car j'ai pu ainsi sauver des activités. Je vous rassure, je ne suis pas un affreux libéral défoncé ! Toutefois, quand une entreprise est à 100 % privée, je n'ai pas à solder ses mauvais comptes avec l'argent du contribuable. Ce serait trop facile : quand cela va bien, les actionnaires s'en mettraient plein les poches, mais quand cela va mal, l'État viendrait à la rescousse ! La restructuration de dette doit incomber à l'entreprise. J'interviens uniquement quand les activités stratégiques d'une entreprise privée sont menacées : dans ce cas, je les récupère. Voilà pourquoi nous avons attendu.
Le Sénat a créé une mission d'information sur ce sujet, qui m'a déjà auditionné. Je suis évidemment à votre entière disposition pour répondre à vos questions.
S'agissant des Forges de Tarbes, le site industriel est aujourd'hui à l'arrêt. Vous savez que l'entreprise a un client unique, Nexter, et que son activité est sensible pour l'État : voilà donc le genre de dossier sur lequel il est de ma responsabilité de chercher une solution. C'est ce que nous faisons, avec les services.
Dans d'autres domaines, je n'ai pas hésité à investir. Je pourrais vous citer l'exemple des batteries électriques : j'ai été à l'origine, avec mon homologue allemand et des partenaires privés français et allemands – Total, Saft, Siemens et d'autres –, de la création de quatre gigafactories représentant 20 000 emplois. Il en est de même pour la fabrication de poudre, une autre activité que nous soutenons et relançons : ainsi, le Président de la République a récemment inauguré le nouveau site d'Eurenco à Bergerac. Soyez donc rassuré : dès lors qu'une activité stratégique est en difficulté, le rôle de l'État est d'intervenir, parfois d'entrer au capital de l'entreprise ou de lui accorder un financement, et en tout état de cause de s'assurer de son bon développement.