Après avoir sauvé l'économie lors de la crise du covid, ce que je revendique une nouvelle fois, pourquoi pas faire le nécessaire pour l'industrie de défense ! Cela suppose de bien poser le problème. Pendant la crise du covid, il fallait prendre des décisions en quelques jours, voire en quelques heures, pour éviter l'effondrement de nos industries et de nos emplois et pour garder nos ingénieurs et nos capacités. Je l'ai fait. Je préfère le dire, parce que j'ai peur que d'autres ne le disent pas.
S'agissant de l'industrie de défense, le problème n'est pas son financement. Des entreprises telles que Thales et Dassault n'ont pas de problème de financement. Les problèmes sont au nombre de deux : la fragilité des sous-traitants, qui rend indispensable l'accompagnement des PME, et l'incapacité de l'Europe à se fournir en équipements militaires européens. Que 80 % des achats de défense en Europe soient réalisés sur étagère américaine me fait mal au cœur. Cela est irresponsable et mauvais pour l'industrie européenne, dont les start-up et les PME sont fragilisées en conséquence.
La question de savoir s'il faut utiliser le livret A pour financer les sous-traitants est un point de désaccord entre nous, Monsieur Jacobelli, ainsi qu'au sein de la majorité au demeurant. Je ne suis pas favorable à l'utilisation des fonds du livret A pour financer l'industrie de défense. Ce financement serait très coûteux. En outre, la vocation première du livret A est de financer le logement social. Il est toujours risqué de détourner un produit d'épargne de son objet initial. Si nous nous engagions dans cette voie, on me dirait que d'autres activités, dans d'autres domaines, sont aussi sensibles et stratégiques et doivent donc être financées par le livret A, ce qui finirait par créer un vrai problème pour le financement du logement social.
Ce qui me semble absolument indispensable, c'est que les fonds européens soient davantage sollicités. Nous nous sommes battus, avec le Président de la République, pour que la Banque publique d'investissement (BPIFrance) et la Banque européenne d'investissement (BEI) investissent dans la défense. Je sais que beaucoup de nos partenaires européens ne partagent pas cette ambition. Il me semble indispensable que la BEI finance l'industrie de défense européenne. Nous avons fait bouger les lignes avec les Allemands à ce sujet. Nous pouvons aller encore plus loin.
Enfin, si nous voulons aider les PME et soutenir les start-up de la défense, réaliser l'union des marchés de capitaux européens est une urgence absolue, pour qu'une start-up ou une PME française à la recherche de financements puisse se financer partout en Europe, selon des règles de solvabilité et de faillite identiques, ce qui est encore loin d'être le cas. Nos PME en sont donc réduites à un financement bancaire ou en capital dans le cadre restreint des frontières françaises, qui offrent une profondeur de financement tout à fait insuffisante. Je reconnais bien volontiers que la question du financement est importante pour les sous-traitants. L'Europe fait partie de la solution.