Preligens est une start-up française qui analyse des images satellites de défense grâce à l'intelligence artificielle. L'entreprise est à vendre. Une grande entreprise française – Safran – est candidate. D'autres pourraient l'être également. Que nos grandes entreprises investissent dans des start-up à succès telles que celle-ci est à mes yeux une très bonne nouvelle. Je préfère cela à leur rachat par des fonds d'investissement étrangers.
S'agissant d'Atos, je suis le dossier depuis plusieurs mois, et de très près. Certains se sont émus que je ne sois pas intervenu plus tôt. Je mets cette réaction sur le compte de la méconnaissance du dossier. Intervenir trop tôt, c'est condamner l'État à payer à la place des banques ou des créanciers. N'ayant pas vocation à dépenser l'argent du contribuable à la place des créanciers ou des banques, j'interviens au dernier moment, ce qui ne m'empêche pas de suivre le dossier de très près pour sauver les activités stratégiques. L'État n'a pas à prendre la charge de la dette à la place des créanciers ou des banques, sur le dos des contribuables. Nous n'en sommes pas moins, depuis plusieurs mois, totalement mobilisés avec mes équipes.
Atos est un grand groupe industriel, qui représente 10 000 emplois dans le pays, et dont certaines activités sont stratégiques. Il faut bien comprendre que, parmi ses activités, certaines, telles la cybersécurité et le supercalcul, sont totalement stratégiques, ce qui signifie qu'elles sont un savoir-faire exclusif d'Atos, et d'autres sont totalement communes – j'emploie ce mot à dessein –, ce qui signifie qu'elles peuvent être reprises par d'autres entreprises, parmi lesquelles des leaders français parfaitement compétitifs. Ne faisons pas d'Atos une grande entreprise au périmètre totalement stratégique et aux activités sensibles, c'est faux ! Atos est une entreprise importante représentant beaucoup d'emplois, dont certaines activités, telles que l'infogérance, sont communes, et d'autres, telles que la cybersécurité et le supercalcul, critiques.
Dès lors, ma responsabilité est double : garantir la sécurité des activités stratégiques ; m'assurer qu'il existe un repreneur garantissant la préservation maximale de l'emploi et de l'activité sur notre sol. J'ai donc mobilisé dès la fin de l'année 2023 le comité interministériel de restructuration industrielle (Ciri) pour accompagner le groupe Atos et dégager des solutions pour restructurer son énorme dette, qui est son principal problème. J'ai également décidé, dès le 9 avril 2024, de prendre une action de préférence pour que l'État ait un droit de veto sur toutes les activités sensibles du groupe, afin qu'elles ne puissent pas être cédées à un repreneur qui ne correspondrait pas aux attentes de l'État. J'ai également consenti un prêt de 50 millions d'euros, aux côtés des 400 millions apportés par les banques.
J'ai franchi une étape supplémentaire le 28 avril en signant une lettre d'intention pour acquérir toutes les activités de souveraineté d'Atos. Toutes sont donc en cours de prise de contrôle par l'État et par des entreprises choisies par l'État. L'Agence des participations de l'État (APE) mènera cette opération sous mon autorité. Je préfère – je le dis très simplement – que l'État ne soit pas seul. Nous menons donc des discussions avec l'entreprise sur les modalités de la vente à d'autres industriels français désireux de rejoindre le tour de table. Ainsi, les activités sensibles d'Atos seraient contrôlées par l'État et par des investisseurs industriels français. Dans une quatrième étape, j'ai demandé la cession de l'activité WorldGrid, qui produit le système de contrôle et de commande des centrales nucléaires françaises, dont il me semble important qu'il soit entre les mains de la future entité qui associera l'État et des grands groupes industriels français.
Mon objectif est donc clair : maintenir le contrôle exclusif de la France et de l'État sur les activités stratégiques d'Atos. Deux offres sont en cours de discussion. Tout dépendra des décisions qui seront prises ensuite par les créanciers, par les banques, par les différentes personnes responsables de cette cession et par le conseil d'administration d'Atos. Ce que je souhaite, c'est que l'on garantisse la pérennité des emplois d'Atos et surtout le développement cohérent de cette entreprise. Il me semble important, dans l'étape qui s'ouvre, que nous garantissions qu'Atos, entreprise dont les activités réussissent sur toute la planète et correspondent aux attentes de certains acteurs économiques, sécurise ses emplois et se développe économiquement de façon cohérente dans les années à venir.