Mes chers collègues, nous poursuivons notre cycle sur la défense globale par l'audition de M. Bruno Le Maire, ministre de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique.
Monsieur le ministre, je vous remercie de votre présence ce jour parmi nous. Il est assez inédit, pour la commission de la défense et des forces armées, d'auditionner un ministre de l'économie. Je dois même confesser que, par le passé, lorsque le mot « Bercy » y était employé, ce n'était pas toujours de façon flatteuse.
Cette approche binaire doit être corrigée, non seulement parce que les lois de programmation militaire (LPM) sont, depuis 2017, respectées à l'euro près, mais aussi parce que notre souveraineté financière, dont cette commission se veut aussi responsable, est indispensable, et parce que la défense est l'affaire de tous. Dans l'autre sens, nous comptons sur vous pour faire passer le message. On entend parfois dire que le ministère de la défense est le ministère de la dépense. Chacun doit avoir conscience que la défense est une condition de notre prospérité économique, non seulement parce qu'elle offre une assurance à nos acteurs économiques, mais aussi parce qu'elle est source d'innovation et parce que ses impacts économiques sont nettement positifs, s'agissant d'une industrie peu délocalisée, le tout pour seulement 2 % du PIB.
Après avoir auditionné votre collègue chargé de l'agriculture, dont le ministère a, comme le vôtre, le mot « souveraineté » dans son intitulé, et avant d'auditionner votre collègue chargé de la santé, il nous a semblé important de mieux comprendre le rôle de votre ministère dans la défense globale de notre pays.
Nous aimerions notamment vous entendre sur la façon dont votre ministère se mobilise pour parvenir à l'économie de guerre souhaitée par le Président de la République, pour faciliter la vie des entreprises de défense, pour sécuriser certains de nos approvisionnements stratégiques, pour travailler sur la question du financement – à ce sujet, la commission s'est mobilisée et a pris plusieurs initiatives par le passé –, bancaire ou en capital. Cette semaine, les dirigeants de Preligens, pépite française de l'intelligence artificielle, notamment en matière de défense, a fait savoir qu'elle cherche un repreneur industriel faute de pouvoir lever des fonds. Quelles sont vos contributions et vos propositions pour renforcer l'industrie de défense ?
D'autres sujets nous intéressent, notamment la protection et la promotion de notre patrimoine économique et stratégique. Vous aborderez sans doute le cas d'Atos. Nous aurons l'occasion d'évoquer précisément le rôle de la commission interministérielle pour l'étude des exportations de matériels de guerre (CIEEMG) et celui de Tracfin, qui est l'un des six services du premier cercle du renseignement. La lutte antiterroriste ne peut être envisagée sans un travail sur les circuits de financement. Nous pourrons également aborder l'évaluation de la pertinence des sanctions économiques et la défense économique.
Vous l'avez compris, Monsieur le ministre, nous pensons que votre rôle en matière de défense est fondamental.