Vous pouvez collecter les tracts distribués, ils nous désignent clairement, et les préfets ont clairement dit à nos adhérents qu'ils n'interviendraient pas. Donc « on », c'est ceux qui nous gouvernent. L'envers du décor, c'est qu'on a dit que Michel-Édouard ne répondait pas, mais pendant cette période nous n'avons jamais été sollicités, sauf – je ne sais si c'était une invitation, un souhait ou une lubie – pour aller sur le ring du Salon de l'agriculture, ce que je n'étais pas assez con pour faire.
Mes collaborateurs vous le diront, je suis allé rencontrer des agriculteurs, dans l'Aude, à la FNSEA, chez les Jeunes Agriculteurs. Je l'ai fait discrètement. Ces agriculteurs n'en avaient pas après nous, ils voulaient que nous soyons la caisse de résonance de leurs problèmes – je vous jure que cela s'est passé comme ça. Je suis ensuite sorti du ring, comme mes collègues de Système U et d'Intermarché. Nous avons été désignés comme responsables, mais personne ne nous a sollicités : ni les responsables politiques, ni les représentants socioprofessionnels. Nous avons évidemment rencontré les membres de la mission parlementaire Egalim, mais cela ne concernait pas la résolution de la crise.
J'ai connu des périodes pendant lesquelles le politique ne cherchait pas à opposer les agriculteurs à la distribution. Jusqu'à Le Maire et Le Foll, ils nous consultaient sur les problèmes, conjoncturels ou non, comme le prix du porc ; sous Nicolas Sarkozy, nous avons signé, à l'Élysée, un accord sur les prix des fruits et légumes. De toute façon, un prix sans débouché n'a aucun sens. Je regrette cette période.
Dans un pays qui connaît une forte tension, la polémique est inutile. Vous, élus, devez nous aider à travailler ensemble, à l'échelle locale et à l'échelle nationale. Surtout, il faut éviter les cristallisations excessives lors des négociations commerciales. Ce ne sont plus des hommes de terrain qui négocient, ce sont nos services juridiques. Il faut revenir à l'amour du métier et aux échanges qui en découlent. Nous nous respectons, nous avons grandi ensemble ; même l'agrobusiness français est né en même temps que nous. Nous devons ensemble mener des mutations qui concernent toute la société française : s'il vous plaît, aidez-nous !