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Intervention de Michel-Édouard Leclerc

Réunion du mardi 4 juin 2024 à 21h00
Commission d'enquête visant à établir les raisons de la perte de souveraineté alimentaire de la france

Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique de l'Association des centres distributeurs E :

Les professionnels parlent de dégradation de la qualité. Regardez les foires aux vins : tout le monde a des bouteilles spectaculaires, mais le prix moyen de la bouteille est de 7 euros. Les agriculteurs ont raison de favoriser les races à viande pour produire de la viande plus goûtue, par exemple. Mais le budget des gens est restreint, à cause de l'augmentation du prix des transports, de l'énergie, du loyer. Vous avez raison, l'alimentation fait l'objet d'arbitrages, mais ils sont plus longs. En cela, elle avait été précédée par le textile, dont beaucoup d'enseignes ont dégagé.

Avec la crise du covid, tout le monde s'est équipé en écrans plats ; les produits multimédias se sont beaucoup vendus. Les gens ont réaménagé leur appartement ou leur maison en fonction ; ils ont redécouvert le plaisir de la nature et ont retapé leur résidence secondaire. Ils ont ainsi consacré un large budget à d'autres sphères que l'alimentation, qui a servi de variable d'ajustement – pour reprendre votre terme. Ces choix mettent la santé des Français en danger. Il faut trouver un moyen de rééquilibrer tout cela.

Certains aspects relèvent de la politique économique, comme le prix de l'énergie et des transports. Comme tous les secteurs connaissent des injonctions à l'augmentation, il faudra rendre des arbitrages. Surtout, il faut étaler les décisions dans le temps : nous sommes confrontés à l'impératif de tout accomplir en même temps, or c'est débile. Les investissements s'étalent sur dix ou quinze ans, et on voudrait ne pas étaler la dépense ? Il faut mener un travail politique et pédagogique pour redonner à l'alimentation sa valeur. Peut-être faut-il parler moins de son coût que de sa qualité, comme le disait M. Rebeyrotte. Pourtant le discours politique et syndical ne parle que du coût. Tout le monde aime son agriculture, mais il faut payer. Il y a là un vrai enjeu politique. Nous sommes volontaristes, mais je vous demande de ne pas faire reposer la solution sur nos seules épaules. Il faut libérer du budget pour une alimentation plus saine, plus vertueuse et plus locale, en maîtrisant mieux les autres éléments.

S'il vous plaît, sortons des rivalités interprofessionnelles organisées depuis 2015. On nous balance les uns contre les autres – agriculteurs contre industriels ou contre distributeurs –, un peu comme on a monté les véhicules de transport avec chauffeur (VTC) contre les taxis. La compétition, les rivalités corporatistes sont normales, mais nous allons devoir travailler ensemble. Dans nos magasins, la décarbonation passe par une relation de long terme avec les industriels de l'alimentaire. Par exemple, je ne sais pas combien de temps encore nous vendrons de l'eau minérale en bouteille. Dans ce domaine, le changement provoquera une révolution de l'emploi et des économies régionales : il faut l'organiser, nous obliger à travailler ensemble.

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