Le choc a été très violent. Dans la capitale, où – sans s'autoflageller – le niveau de vie n'est pas le même qu'à La Souterraine, on ne s'en est pas toujours rendu compte. La réaction des politiques n'a donc pas été immédiate. Celle des professionnels non plus : on n'a pas entendu le Medef ni la FNSEA tenir un discours anti-inflation.
Les Gilets jaunes étaient sur nos ronds-points. Nous savions qu'ils n'étaient pas tous pauvres : c'étaient des gens qui se posaient déjà des questions sur leur pouvoir d'achat et leurs perspectives d'emploi. Cela nous a alertés. Je suis beaucoup monté au créneau dans les médias parce que j'avais conscience que cela se passait chez nous. Je connais l'histoire. Le premier emprunt que j'ai signé était à 15 %. Je sais combien de temps il nous a fallu pour casser la spirale inflationniste. Mon père s'est lancé dans la distribution pendant une période inflationniste. L'inflation, c'est très déstructurant ; ça déstabilise la société. C'est pour cette raison que je rempile. Nous avons cassé l'inflation de ces trois dernières années, dont je maintiens qu'elle était plutôt spéculative, mais nous allons vers une inflation plus structurelle, décennale, liée à notre volonté politique de relocaliser, de décarboner, de manger mieux. Il est essentiel qu'elle suive le rythme du pouvoir d'achat des Français. L'appareil de distribution devra exceller.