Vous êtes un homme étonnant, monsieur Leclerc. Vous me faites parfois penser à ce portrait que Françoise Giroud faisait de Chirac : « C'est un type à lire Saint-John Perse caché derrière une couverture de Playboy. »
Vous ne cessez de mettre en avant le prix, au point d'entretenir une communication monomaniaque. Dans le même temps, vos adhérents accomplissent un travail formidable avec les producteurs locaux ; ils acceptent d'être un peu moins performants en matière de prix pour contribuer à l'élaboration d'un projet alimentaire territorial (PAT) et permettre une meilleure rémunération du producteur. Ils assurent d'ailleurs s'y retrouver sur la masse. Or vous travaillez avec vos adhérents ; ensemble, vous formez une communauté d'idées. Nos Régions ont du talent l'illustre, comme les chiffres du nombre de produits locaux distribués. Vous n'êtes donc pas les derniers à travailler avec les producteurs locaux – je peux en témoigner.
N'auriez-vous pas intérêt à communiquer sur votre action visant à valoriser les terroirs, tout en affichant les prix ? Il faut en effet conjuguer le revenu du producteur, le bon rapport qualité-prix et le système de protection sociale français qui rend difficile de s'aligner sur les prix mondiaux. L'obsession du prix peut tout tirer vers le bas, tandis que le travail que vous menez avec les producteurs locaux participe à assurer un marché de proximité et à offrir aux jeunes producteurs la possibilité de se lancer – je le vois dans ma région. Disons les choses, vos adhérents alimentent un système vertueux. Vous avez même envisagé de vendre aux Parisiens des produits de qualité venant du terroir, car vous êtes patriote au sens noble du terme. Pourquoi ne pas dire que le rapport qualité-prix et le travail avec les producteurs sont aussi au cœur de la stratégie de Leclerc ?