Je suis partant pour revenir vous voir et accompagner les jeunes députés que vous êtes. La France a besoin de vous.
Je suis sensible au discours qu'a tenu le Président de la République à Rungis dans le cadre des États généraux de l'alimentation : il a créé une narration – ou, du moins, en a rassemblé les éléments – dans laquelle tout le monde, du restaurateur au grand ou petit commerçant, pouvait se reconnaître, sans avoir à justifier ses augmentations de coût, ses recherches de valeur. Il y avait un mouvement collectif pour mieux manger, une communauté d'intérêts à rendre le modèle français plus vertueux sur les plans sanitaire et culinaire. Serge Papin, le patron de Système U, ou Hubert Garaud y participaient.
Or cette narration est devenue un prétexte marketing plus qu'une ligne directrice pour l'ensemble des productions.
C'est ce qui fait que le marché du bio s'est cassé la figure. Je ne milite pas à tout prix pour le bio : quand on constate sur le marché de ma ville, à Concarneau, qu'il coûte 40 % plus cher que le produit local naturel, on a du mal à se raccrocher à cette narration. Cela ressemble plus à de la segmentation, de la sélectivité.
Mon travail et celui de mes collègues distributeurs, je le conçois comme accompagnateur d'un changement de modèle incluant moins de phytosanitaires et de polluants, des produits plus sains, qui coûteront certes plus cher à produire car demandant plus de travail, peut-être de mécanisation. Il conduira aussi à des logistiques plus locales. Je crois à la nécessité de relocaliser : le poulet brésilien, au départ, était breton, avec les producteurs Doux et Tilly ; la tomate marocaine est en partie financée par le Crédit agricole et les groupements de producteurs bretons.
Pour répondre à ces injonctions que nos concitoyens ont fait leurs, nous devons être partenaires et ne pas en rester au marketing. Dans cette voie, nos adhérents ont relevé le défi de la multicanalité. Même lorsque vous sortez de Neoma, que vous venez de métiers de bouche ou que vous avez suivi des formations managériales, l'arrivée d'Amazon et l'ubérisation de l'alimentation dans les métropoles, cela fait peur. Le collectif, chez nous, a trouvé une manière de s'organiser. La compétition entre Système U, Lidl, Leclerc, Intermarché vise à résoudre cela. Pour des raisons capitalistiques, l'intérêt patrimonial, foncier de nos propriétaires de magasins, de nos adhérents est de garder cette valeur, donc de la laisser dans ce projet de société.
Je ne sais pas vous répondre autrement que par un principe de volonté, par la décarbonation notamment. On se précipite sur les panneaux solaires. Au passage, il est assez curieux de nous donner trois ans pour couvrir d'ombrières nos magasins sans avoir constitué une filière française de panneaux solaires : nous aurons fini de les équiper avant que la gigafactory d'Alsace ne voie le jour.