L'élevage est souvent associé, dans la représentation collective, à l'image de bovins paissant dans les prairies du Massif central. Le spectre est en réalité beaucoup plus large et va de la production laitière à l'élevage de volailles. Il est donc toujours très délicat d'évoquer l'élevage dans son ensemble.
L'axe 5 du plan que vous évoquez comporte de manière sous-jacente un enjeu de reconquête d'image. Il faut mettre en évidence les aménités positives de l'élevage dans tous les territoires et toutes les filières.
Garder notre souveraineté en matière d'élevage suppose tout d'abord de s'attaquer au problème des surtranspositions et de la lenteur de certaines procédures juridiques ou juridictionnelles, qui conduisent à ce que l'objet du recours ne soit pas de vérifier si le projet mis en cause répond aux exigences environnementales, mais de le faire échouer. Reconquérir 50 % de notre souveraineté dans le secteur de la viande de volaille nécessitera la construction de bâtiments. Il est donc important de soutenir les agriculteurs désireux de s'engager dans cette activité, qui constitue souvent pour eux une voie de diversification.
Il convient de dissocier la production de volailles et de porcs de l'élevage ovin, qui présente une différence structurelle et se caractérise par un coût du kilogramme de viande assez élevé.
La question des émissions de carbone concerne essentiellement l'élevage bovin, au travers de la production de méthane. Plusieurs pistes sont à l'étude dans ce domaine. Il importe tout d'abord de penser la réduction de l'empreinte carbone au niveau de la conduite de l'élevage. Des études de l'Institut national de recherche pour l'agriculture, l'alimentation et l'environnement (INRAE) montrent par ailleurs que l'alimentation et les compléments à base d'algues constituent de puissants leviers. La recherche internationale se concentre essentiellement, dans ce domaine, sur la question de la décarbonation. Le Brésil, les Pays-Bas et la Nouvelle-Zélande investissent massivement dans ce champ d'investigation. Il faut que nous fassions écho à cette démarche.
Le maintien des exploitations bovines existantes est également un enjeu majeur. Lorsqu'une exploitation disparaît, il est en effet très difficile par la suite de procéder à une installation ex nihilo. Cela est moins compliqué pour les élevages de porcs, de volailles, voire d'ovins. L'un des défis sera de parvenir à faire cohabiter élevage et grandes cultures afin de faciliter le passage d'une fertilisation minérale à une fertilisation organique. Ce modèle de diversification par l'élevage, qui permettrait par ailleurs de répondre en partie à l'équation carbone, reste à construire.
Pour un agriculteur, la reprise d'une exploitation d'élevage est une démarche lourde. Il est donc nécessaire de développer les fonds de portage et de garantie.
Nous travaillons enfin sur la question cruciale des outils de transformation. Plusieurs dizaines de millions d'euros ont été investis dans la rénovation et la modernisation des abattoirs grâce au plan France relance. Il existe là un sujet de volume, d'adéquation, de spécialisation. Nous menons ainsi, dans le cadre du plan « abattoirs », une réflexion visant à identifier les outils et mesures d'accompagnements adéquats afin de garantir une forme d'approvisionnement et de régulation de l'abattage.