Votre dernière question illustre parfaitement la raison pour laquelle une harmonisation des règles et de la doctrine en vigueur au sein de l'Union européenne est nécessaire. Il n'appartient cependant pas à la France de fixer des règles de façon unilatérale, sans demander à ses partenaires européens leur avis sur le sujet. Je suis favorable à une évaluation des molécules afin que les décisions prises soient documentées et que l'harmonisation des règles et des pratiques soit effective, à la manière de ce qui existe dans le secteur du médicament.
Concernant plus spécifiquement la filière betteravière, je m'étais engagé, en cas de problème majeur en 2023, à couvrir le risque. Ce dernier s'est finalement avéré moins puissant que prévu, mais nous avons tenu parole.
Nous avons par ailleurs autorisé cette année encore l'utilisation d'un certain nombre de molécules en dérogation. Il semblerait que, pour la première année depuis longtemps, la trajectoire de l'assolement de betteraves soit en phase d'inversion, ce qui constitue une bonne nouvelle. Le marché s'est bien tenu, ainsi qu'en témoignent les résultats des deux principaux opérateurs du secteur. Un élément de confiance a visiblement été rétabli.
La principale puissance de l'Ukraine réside dans son agriculture. Des mesures ont été prises par la Commission européenne, avec le rétablissement d'un seuil. J'ai d'ailleurs alerté la semaine dernière les services de la Commission pour leur indiquer que le quota alloué, calculé sur la base des deux dernières années, était déjà quasiment saturé pour l'année 2024. La solidarité n'empêche pas la lucidité. Il faut, dans le domaine de la betterave comme dans celui des volailles ou des céréales, faire preuve de vigilance afin de ne pas risquer une déstabilisation des marchés. Pour l'instant, l'impact sur les prix reste modéré, mais il existe un risque à terme. Le cours du sucre était historiquement très haut et l'ératicité des marchés induit chez les producteurs le sentiment que, sur le long terme, les étiages vont être relativement élevés. Nous avons par conséquent demandé que des mesures soient prises afin de ne pas nous trouver confrontés à un flux tel qu'il viendrait entraver puissamment la production française.