La question de la logistique est en effet centrale même si, contrairement à une idée répandue, la part du transport dans le coût économique de la production de marchandises est finalement relativement marginale, y compris dans la concurrence internationale.
Les deux leviers d'intervention en matière de logistique résident à la fois dans la décarbonation du transport routier et dans le développement du fret ferroviaire, qui a connu un désinvestissement massif au cours des dernières décennies. La disparition des lignes ferroviaires de transport de productions agricoles, notamment de céréales, a été actée et la capacité de retour en arrière s'avère relativement minime, les emprises ayant souvent été vendues.
Aborder la question de la logistique nécessite tout d'abord, dans la mesure du possible, de repenser les bassins de production afin de limiter les transports en direction des grandes zones de consommation. Dans le cas de productions localisées dans une aire géographique précise, à l'image des fruits et légumes dans le sud de la France, il est évident que la question du train se pose. Le dossier de la ligne Perpignan-Paris n'est pas encore définitivement tranché, même si la volonté du Gouvernement est plutôt de maintenir cette ligne. Je vous informerai dès qu'une décision sera prise.
Il existe différentes manières de s'affranchir de la dépendance aux importations de fertilisants. La première consiste à passer de la fertilisation minérale à la fertilisation organique. Cela soulève la question de la méthanisation et du lien entre élevage et grandes cultures. En effet, dans un système agricole largement spécialisé, les bassins de production animaux ne correspondent pas aux bassins de production de grandes cultures.
Il convient en outre de construire des unités de fabrication d'engrais sur le sol national et européen, en veillant à ce qu'elles soient décarbonées.
La troisième voie envisageable concerne des dispositions telles que la couverture permanente du sol, qui permettent d'améliorer la production de matière organique et d'apporter de la fertilisation azotée par les plantes.
J'ai évoqué récemment la question des « mini-MIN » avec M. Layani. Cet élément mérite réflexion. Il existe déjà en France plusieurs marchés de ce type. Ce modèle me semble intéressant à expertiser pour assurer l'approvisionnement des territoires et les faire entrer dans la logique des lois Egalim, en organisant localement la convergence des productions sur un seul marché. Je suis a priori plutôt séduit par cette idée.