Ces influences peuvent venir de partout. En tant que Polynésien, si l'on se méfie de l'État et que l'on estime qu'il est partisan et de mauvaise foi, on se tourne vers d'autres partenaires sans culpabilité et sans avoir besoin de s'expliquer. Je ne pense pas du tout que les Polynésiens soient manipulés, ce qui reviendrait à les infantiliser. Ils sont tout à fait capables de construire des partenariats avec ceux qui s'intéressent à eux, tout en sachant qu'ils peuvent n'être que temporaires ou stratégiques.
Pour revenir à l'influence des États-Unis, seule une petite partie de la population polynésienne est favorable à ce pays, sans toutefois que l'on note une ingérence de sa part. L'influence se traduit aussi par la présence en Polynésie française de Mormons, qui représentent environ 8 à 10 % de la population. Les jeunes partent ainsi souvent aux États-Unis pour des missions d'évangélisation et maîtrisent bien la langue anglaise. Pour autant, les liens ne sont pas plus développés. On observe aussi une certaine amitié ou fascination pour la Nouvelle-Zélande, qui représente un pays « frère », à la fois géographiquement et culturellement proche, les Maoris étant des Polynésiens et la langue parlée étant très similaire au tahitien. On y va parfois dans le cadre d'évacuations sanitaires, évitant ainsi de se rendre en métropole. La Nouvelle-Zélande n'exerce pas d'influence à proprement parler sur la Polynésie, mais entretient avec elle un certain nombre de partenariats. Les relations avec l'Australie sont en revanche quasi inexistantes, se limitant au cas de quelques jeunes qui poursuivent leurs études dans des universités australiennes. Quant à l'Azerbaïdjan, la Russie ou la Chine, ces pays posent de grandes questions dans le Pacifique. Les Tahitiens sont pleinement conscients que la Chine ne représente pas un modèle en matière de droits de l'homme et qu'ils ne gagneraient rien à entretenir une relation trop étroite avec ce pays. Cependant, tout reste possible. La politique est un jeu d'acteurs et de positionnements, bien que certaines limites morales ne puissent être franchies.