Dans les années 1950, un mouvement nationaliste polynésien a émergé, coïncidant avec les grandes années du nationalisme en Afrique et dans d'autres colonies françaises. À cette époque, soit bien avant la période des essais nucléaires, le nationalisme tahitien était incarné par le député Pouvana'a a Oopa. Lors du référendum de 1958 sur l'acceptation de la constitution de la Ve République, 35 % de la population des établissements français de l'Océanie, qui venaient de prendre le nom de Polynésie française, ont exprimé leur volonté de dire non à la constitution et à la France, votant ainsi de fait pour l'indépendance. Le nationalisme polynésien existait donc bien avant les essais nucléaires et s'inscrit dans un processus observé dans toutes les colonies françaises au cours des cinq dernières années de cette période, menant à la vague d'indépendance autour de 1960. Le nationalisme représente l'expression naturelle de la volonté d'un peuple colonisé de reprendre en main son destin, en dehors de toute autre question. Cependant, aujourd'hui, ce nationalisme est devenu inextricablement lié à la question des essais nucléaires, ce qui complique la situation. Nous observons le développement d'un nationalisme parfois empoisonné par cette question, au lieu d'un nationalisme historiquement naturel.