Je ne pense pas que cette dette, à la fois financière et morale, puisse être soldée un jour. Quels que soient la somme offerte ou le nombre de demandes de pardon, elle est vouée à rester perpétuelle. Elle concerne non seulement les Polynésiens, mais aussi toutes les personnes contaminées, quelle que soit leur origine. Les Polynésiens auraient souhaité que le Président de la République présente des excuses lors de sa visite en 2021, au lieu de se contenter d'assumer les faits. Une excuse tardive est sans doute préférable à une absence totale d'excuse, mais elle se doit d'être sincère. Les Polynésiens, en particulier la génération des plus de 40 ans, sont des personnes très religieuses, chrétiennes, pour qui pardonner les offenses et les péchés est très important. La demande de pardon lorsqu'une faute a été commise leur paraît naturelle. Même si présenter ses excuses ne suffira probablement pas, cela n'en demeure pas moins une étape indispensable. Toutefois, il est essentiel de ne pas s'enfermer dans une culture de la dette, qui engendre également une culture de la dépendance.