Nous sommes nés quand la dernière bombe a explosé ; nous sommes les héritiers de cette histoire et de ce militantisme.
Notre démarche n'est pas d'attendre quelque chose de quiconque, mais de nous interroger sur notre responsabilité en tant que peuple et sur notre responsabilité individuelle.
Je formulerai néanmoins un souhait. L'Assemblée de Polynésie a mené, en 2005 et 2006, une commission d'enquête sur les essais nucléaires ; le rapport qui en est issu contient de nombreuses recommandations, dont bien peu ont été mises en place. La création d'un centre de mémoires est en cours ; il existe aussi un projet de recherche sociologique et culturelle Sosi (suivi ouvert des sociétés et de leurs interactions), mené par M. Renaud Meltz. Qu'en est-il des autres ? Votre commission d'enquête pourrait contribuer à terminer le travail commencé par l'Assemblée de Polynésie en 2005.
Quant aux études indépendantes, c'est un vaste sujet. Il y a eu, sinon des mensonges, au moins une mauvaise information, dans les études précédentes ; elles prennent mal en considération ce que vivent les différentes communautés ici à Maohi nui. On peut se demander comment une étude scientifique peut tenir un discours différent de ce que vivent les populations. Une étude indépendante, menée par des scientifiques extérieurs, pourrait-elle rapporter ce que vit vraiment le peuple maohi, les conséquences qu'il subit ? Une telle étude devrait intégrer, à parité, pas seulement des scientifiques autochtones mais aussi extérieurs, occidentaux, afin d'aborder différentes perspectives.
La science se veut objective. Mais les études scientifiques devraient prendre en considération aussi les subjectivités. Aujourd'hui, les différentes universités du Pacifique soulignent l'importance de l'intégration de la perspective des autochtones, qui sont ceux qui rencontrent les difficultés.