Merci beaucoup Madame Vernaudon pour vos propos. À l'instar de ma collègue Mme Garrido, je suis juriste et avocat et je dois avouer que je suis quelque peu gêné par la méthodologie que vous employez. Ce n'est pas la présentation en elle-même qui me pose problème, mais plutôt la dimension causale que vous développez à partir de faits avérés pour ensuite aboutir à une conclusion qui d'ailleurs, si l'on cherchait à établir une responsabilité, serait certainement remise en cause par nos tribunaux, au regard des constructions juridiques actuelles en France. Je suis gêné intellectuellement par cette approche. Je partage l'idée qu'il faut œuvrer dans une dimension de paix des mémoires, comme vous l'évoquez. Cependant, je m'interroge sur la finalité de votre démarche : est-ce une quête ou un aboutissement que vous visez ? Si c'est une quête, la mise de côté, même partielle, de certaines archives, sous prétexte que leur instruction n'est pas nécessaire à l'organisation générale des conclusions, risque de tronquer, d'éluder ou d'empêcher d'obtenir une image objective et globale de la problématique. C'est sur ce point que je m'interroge et non quant aux objectifs louables que vous mentionnez, à savoir se débarrasser de certains éléments, dans une logique de résilience. Ma question est à la fois politique, philosophique et juridique : comment pouvez-vous espérer parvenir à l'apaisement général sans un travail préalable de confortation ou du moins de cadrage le plus précis possible ? J'avoue être quelque peu perdu ce soir sur ce point, malgré toute l'attention et l'ouverture d'esprit avec lesquelles je vous écoute.