En ce qui concerne les archives, dans la logique du positionnement de la délégation en tant que service de mission non opérateur, je me suis rapidement rapprochée du service du patrimoine archivistique et audiovisuel de la Polynésie française, expert en la matière. Dès mes prises de fonction en 2017 et par la suite, le service des archives polynésien a été associé aux travaux relatifs au projet de centre de mémoire, relancé en 2018. La DSCEN n'étant pas un opérateur, nous avons sollicité la Maison des Sciences de l'Homme du Pacifique pour mobiliser des historiens. Le rapatriement des archives en elles-mêmes ne présente pas un grand intérêt, d'autant que la récupération de très grandes quantités de documents impliquerait d'organiser entièrement leur conservation, sur les plans de la logistique comme des compétences. Ce qui compte est qu'elles soient accessibles aux travaux des historiens et à toute personne souhaitant approfondir cette question. C'est dans cette optique qu'une convention a été signée en octobre 2018 avec la Maison des Sciences de l'Homme du Pacifique, à qui nous avons demandé d'assumer la responsabilité scientifique d'un programme de recherches historiques. Son directeur, le professeur Éric Conte, s'est appuyé sur le professeur Renaud Meltz, que vous avez par ailleurs déjà auditionné. Dans cette même convention, la délégation, représentant le pays, s'est engagée à entreprendre toutes les démarches nécessaires pour améliorer l'accessibilité de ces archives. Forte de mes huit années d'expérience à la tête de l'inspection générale de l'administration, je dirais qu'il s'agit là d'une question de choix organisationnel.
Si une direction devait être créée pour le suivi des conséquences des essais nucléaires, je crains que les autres administrations se désengagent complètement du sujet. Alors que le schéma actuel m'a par exemple permis, dès 2017, de me rapprocher de la direction générale de l'éducation et des enseignements (DGEE) pour signaler que le fait nucléaire n'était pas suffisamment abordé dans les écoles. Le ministère polynésien de l'éducation, la DGEE et le vice-rectorat se sont alors pleinement saisi de la question. Depuis 2018, ils développent un programme éducatif sur le fait nucléaire. Nous restons partenaires, mais c'est leur expertise et leur savoir-faire pédagogiques qui permettent de développer ce projet, dont ils assurent la responsabilité. N'ayons pas l'illusion de croire pouvoir être expert en tout, surtout sur des questions aussi complexes !