Vous l'avez signalé, j'ai déjà répondu à ces questions, en particulier pour dire qu'il n'y aura pas de commissaire à la défense ; je le redis, j'espère de la manière la plus claire. La décision de faire entrer dans un conflit des femmes et des hommes qui ont choisi de s'engager sous le drapeau national est très lourde de conséquences et relève de la seule souveraineté des États, auxquels revient la responsabilité d'engager leurs forces. Cela ne changera pas. C'est pourquoi je vous ai dit aussi que tous ceux qui racontent l'inverse en parlant de « projets cachés » sont dans le complotisme et le conspirationnisme, certainement pas dans la réalité.
En revanche, on peut assigner à des troupes à l'œuvre sous leurs commandements respectifs des objectifs interopérables ; c'est en quoi l'exemple de l'Otan est intéressant. Il n'y a pas une armée de l'Otan mais des forces françaises, allemandes, italiennes, estoniennes disposées en divers lieux. Il faut vraiment cesser de dire des choses fausses pour effrayer les gens. Je ne vois pas comment un élément fondateur du projet européen serait modifié ; il faudrait pour cela modifier les traités, ce qui est, on s'en souvient, extraordinairement difficile. Aussi, je le redis à nos concitoyens si jamais ils nous regardent : n'écoutez pas ceux qui vous disent le contraire.
J'ai indiqué à vos collègues sénateurs que dans l'espace maritime, qui est un des espaces contestés, nous devons protéger et la surface des mers et l'espace sous-marin. Cela suppose des forces aéronavales et, vous avez raison, la France sait fabriquer des porte-avions et des porte-avions nucléaires. D'autres pays, l'Italie en particulier, savent aussi faire des porte-avions, mais pas des porte-avions nucléaires. La question qu'il faudra se poser, le moment venu, ce pourquoi il nous faut d'abord traiter de la protection des trois autres espaces contestés, est celle de l'interopérabilité. Les États ont des ressources maritimes à leur main. Il faudra déterminer comment s'organiser pour protéger ensemble la mer Baltique par exemple, puisque si nous ne le faisons pas, des forces hostiles peuvent en profiter pour saboter nos câbles. Nous avons des compétences, par exemple les flottilles d'accompagnement, mais sans doute pas d'équipements suffisants pour ce qui l'espace aérien maritime. J'ai simplement dit, à propos d'un éventuel porte-avions européen, que l'on pourra se poser la question – cela ne signifie pas qu'il faudra le faire. Se poserait ensuite, vous avez raison, la question de l'interopérabilité. De même, les forces de l'Otan ne disposent pas de matériels spécifiques. La faisabilité existe, la gouvernance est possible, et à mon sens il faut envisager comme ligne d'horizon la mise ensemble de ressources pour des fonctions spécifiques, dont la défense d'un espace contesté.