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Intervention de Yannick Lowgreen

Réunion du mardi 21 mai 2024 à 18h00
Commission d'enquête relative à la politique française d'expérimentation nucléaire, à l'ensemble des conséquences de l'installation et des opérations du centre d'expérimentation du pacifique en polynésie française, à la reconnaissance, à la prise en charge et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français, ainsi qu'à la reconnaissance des dommages environnementaux et à leur réparation

Yannick Lowgreen, président de l'association Tamarii Moruroa :

Peu de personnes ont résidé de manière permanente à Fangataufa, qui n'a jamais accueilli une population importante dans la mesure où la majorité des activités se déroulaient sur Moruroa. La présence militaire était prédominante, avec des individus logeant soit sur des bateaux militaires, soit à terre dans des conditions rudimentaires. Je me souviens m'être rendu sur l'atoll avant les derniers tirs. Nous y réalisions des forages de contrôle pour les failles. Nous logions dans des conteneurs et avons même effectué un forage sur l'Île aux oiseaux. À l'époque, les paysages paradisiaques rendaient l'existence de sites nucléaires difficile à croire. Lors de ma dernière visite à Moruroa, il y a environ deux ou trois ans, nous avons survolé l'atoll de Fangataufa. La forêt y avait repris ses droits et les oiseaux étaient revenus. Un rapport a d'ailleurs été rédigé à l'issue d'une mission scientifique sur Moruroa et Fangataufa. C'était la première fois que des scientifiques du ministère de l'environnement, ainsi que des spécialistes des oiseaux, se rendaient sur ces sites. Tous étaient ébahis.

C'est pourquoi nous insistons pour que des Polynésiens participent à ces missions eux-mêmes. Cela pourrait peut-être renforcer la crédibilité auprès de la population, bien que je n'en sois pas certain. On pourrait toujours les accuser d'être des « vendus de l'État », comme on le dit déjà de nous, malgré le fait que nous n'hésitions jamais à faire part de notre mécontentement. Nous tenons à préserver notre indépendance pour pouvoir exprimer librement nos opinions, que ce soit à l'égard de l'État ou des gouvernements, de Polynésie ou de métropole. C'est pourquoi nous ne sollicitons aucune subvention ni de l'État ni des territoires. Nous essayons de tracer notre propre chemin, bien que cela soit difficile et que nous rencontrions des obstacles à plusieurs niveaux. Les médias ne s'intéressent pas à nous parce que nous ne faisons pas de bruit. Nous travaillons néanmoins assidûment, comme en témoignent toutes les réponses que j'ai pu vous fournir. Nous disposons de nombreux documents et avons fait progresser de nombreux dossiers.

Ainsi, si nous n'avions pas insisté auprès du gouvernement de Polynésie française et du Haut-Commissariat, le CMS n'aurait jamais vu le jour. Aujourd'hui, tout le monde en est satisfait, mais il est important de rappeler que la convention a été signée la veille d'un putsch à l'Assemblée. L'ensemble du gouvernement de Gaston Tong Sang en charge de la santé a été remplacé par celui d'Oscar Temaru, qui n'aurait jamais accepté la mise en place du CMS. Comme je l'ai déjà mentionné, le CMS n'a d'ailleurs jamais été inauguré, malgré la visite du Secrétaire d'État chargé de l'Outre - mer de l'époque, M. Estrosi. Nous poursuivons néanmoins notre combat. Madame la députée, j'espère avoir répondu à toutes vos questions de manière claire et précise.

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